Les contraintes sur la ressource hydrique contribuent à régionaliser la problématique de l’eau, à ce stade davantage en tant que source de conflits autour des fleuves partagés (Nil, Tigre, Euphrate, Jourdain) que de vecteur de coopération économique. Compte tenu de la centralité des eaux de surface dans l’approvisionnement hydrique, la répartition du débit des fleuves transfrontaliers et des bassins versants alimente les tensions entre pays.
Dépendante à 90% du Nil pour ses ressources naturelles en eau, l’Égypte fait face aux revendications des pays en amont du fleuve qui souhaitent exploiter davantage son débit.
Si l’Égypte dispose d’un accord historique avec le Soudan, les tensions s’intensifient avec les autres pays nilotiques, en particulier l’Éthiopie qui vient de débuter la mise en service du Grand Barrage de la Renaissance.
La gestion du débit du Tigre et de l’Euphrate constitue une autre problématique régionale, entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie.
Situé en bassin-versant, l’Irak tire la majorité de ses ressources hydriques des deux fleuves, dont les sources se situent en Turquie, qui coulent en Syrie et dont les grands affluents, s’agissant du Tigre, coulent en Iran. Cette situation suscite des tensions en l’absence d’un accord plurilatéral global.
Par ailleurs, le partage des eaux du Jourdain, fleuve stratégique pour Israël, complexifie les relations avec la Jordanie, mais aussi la Syrie et le Liban.
En Cisjordanie, la région du Jourdain, riche en eau, est particulièrement visée par la politique de colonisation et la fourniture d’eau reste sous le contrôle de l’administration israélienne.
Des initiatives de coopération peinent à émerger, en dépit de leur nécessité.
La plupart des pays de la région (Égypte, Liban, Syrie, Iran, Irak) n’ont pas conclu d’accords économiques relatifs à l’eau, et n’ont pas d’ambitions ni de projets en ce sens. Israël conçoit à l’inverse la ressource en eau comme un instrument politico-économique à l’échelle régionale.
Depuis le traité de paix de 1994, Israël s’engage à fournir à la Jordanie 50 M m3 d’eau par an. Depuis 2021, un second accord permet à la Jordanie de doubler la quantité d’eau reçue pour une durée de 3 ans, accord renouvelé en mai 2024 pour 6 mois.
Les deux projets de coopération économique avec la Jordanie (« Red Sea-Dead Sea » en 2013, puis « Green-Blue Prosperity » en 2021) n’ont toutefois pas abouti, traduisant les difficultés à mettre en œuvre des coopérations dans un environnement sécuritaire régional dégradé, sur une problématique aussi vitale que stratégique.
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