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#Agriculture #Economie #TURQUIE
journaliste
mardi 24 juin 2025 Dernière mise à jour le Mardi 24 Juin 2025 à 16:19

Le long des rives turques de la mer Noire, la noisette est bien plus qu’un simple fruit : c’est une ressource vitale, un symbole d’identité et un pilier de l’économie locale. Avec plus de 72 % de la production mondiale concentrée dans la région orientale de la mer Noire, principalement autour de Giresun, la Turquie domine le marché international de la noisette. Mais derrière ce leadership, ce sont des milliers de petits producteurs qui, face à la volatilité des prix et à la pression des grands acheteurs, s’organisent en coopératives pour mieux défendre leurs intérêts.

La culture de la noisette en Turquie s’étend sur des siècles et reste principalement l’affaire de familles exploitant de petits vergers. Les femmes jouent un rôle clé, non seulement dans la cueillette, mais aussi de plus en plus dans la transformation et la commercialisation. Cependant, la filière est marquée par une forte dépendance aux grands groupes industriels, à l’image de Ferrero, qui absorbe plus du tiers de la production turque pour ses célèbres pâtes à tartiner. Cette situation expose les petits producteurs aux fluctuations des prix mondiaux et à la pression des intermédiaires.

Le rôle des coopératives : mutualiser pour mieux valoriser

Face à ces défis, les coopératives turques de noisettes jouent un rôle déterminant. Elles permettent aux producteurs de mutualiser leurs moyens, de négocier collectivement les prix et d’accéder à des marchés plus rémunérateurs. Les coopératives assurent également le conditionnement, le calibrage et la mise en sac des noisettes, leur donnant ainsi une meilleure visibilité sur le marché international. En outre, elles offrent des formations sur les bonnes pratiques agricoles et environnementales, favorisant une production plus durable et de meilleure qualité.

L’exemple de la grande coopérative Fiskobirlik, qui regroupe des milliers de producteurs, illustre cette dynamique. Toutefois, même ces structures puissantes ne sont pas à l’abri des crises : la surproduction, la volatilité des prix et les difficultés de remboursement des dettes aux paysans ont déjà conduit à des tensions sociales majeures, comme lors des manifestations de 2006 à Ordu.

Innovation et autonomisation des producteurs

Depuis quelques années, des initiatives locales émergent pour valoriser davantage la noisette turque. Des entreprises comme Home of the Hazelnut, créée par des femmes de Giresun, montrent comment l’innovation et l’entrepreneuriat peuvent transformer la filière, en misant sur la transformation locale et la création de valeur ajoutée. Ces initiatives s’inscrivent dans une volonté de diversifier les débouchés et de renforcer l’autonomie des producteurs face aux géants de l’agroalimentaire.

La production de noisettes en Turquie doit aussi faire face à des enjeux environnementaux croissants. Le changement climatique, l’augmentation de l’humidité et des ravageurs menacent les rendements et la qualité des récoltes. Les coopératives et les producteurs innovants s’engagent donc dans des pratiques plus durables, réduisant l’usage des pesticides et protégeant l’écosystème local.

Les coopératives de noisettes en Turquie incarnent la résilience et l’innovation d’un secteur qui doit s’adapter à la mondialisation, tout en préservant son identité locale. En s’organisant collectivement, les producteurs turcs parviennent à mieux valoriser leur « or vert » et à défendre leurs intérêts face aux défis économiques, sociaux et environnementaux. La route est longue, mais la solidarité et l’innovation restent les meilleurs atouts de la filière turque de la noisette.

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