Les attaques intervenues entre novembre 2023 et novembre 2024 contre des navires marchands en mer Rouge ont fortement perturbé le trafic maritime via le canal de Suez. La majorité des compagnies maritimes internationales et des majors pétrolières avaient redirigé leurs itinéraires via le cap de Bonne Espérance. Le nombre de navires empruntant la voie maritime a connu un effondrement de 50% en 2024 (13 200) et de 70% en tonnage, niveau qui n’avait pas été atteint depuis 1975. La baisse amorcée en 2024 s’est à nouveau accentuée au premier trimestre 2025, avec une chute de plus de 17% par rapport à la même période l’année précédente et -54% par rapport au premier trimestre 2023.
Ces perturbations ont un impact significatif sur l’économie égyptienne, les revenus tirés du canal de Suez, troisième rente financière du pays, ayant chuté en 2024 de 62% en glissement annuel, ramenés à 3,6 Mds USD d’après les données de la Banque centrale d’Égypte.
Depuis le début de l’année 2024, les revenus ont été divisés par trois à environ 300 M USD mensuels. Seulement 1,8 Md USD ont été collectés au dernier semestre 2024 contre 4,8 Mds USD l’année précédente. Cette contraction des revenus accroît la fragilité de la balance courante (déficit de 11 Mds USD au dernier semestre 2024 contre -9,6 l’année précédente).
Dans ce contexte, les projets de développement et de modernisation de l’axe maritime, intégralement financés par le budget d’investissement de l’Autorité du canal, se poursuivent mais pourraient être ralentis.
L’absence d’attaque depuis le 18 novembre 2024 et la conclusion le 6 mai 2025 d’un cessez-le-feu entre les États-Unis et les houthis avaient été perçues comme un signe d’apaisement, laissant entrevoir une amélioration de la situation sécuritaire en mer Rouge et avec elle l’espoir d’un retour à la normale progressif du trafic dans le canal de Suez.
De fait l’Autorité du canal déclarait avoir regagné en mars le passage de 166 navires qui avaient modifié leur itinéraire pour transiter à nouveau par le canal au lieu du cap de Bonne Espérance, contre 40 en février. Cette reprise restait toutefois timide, la moyenne mensuelle des volumes à reconquérir pour inverser la tendance étant supérieure à 1 000 navires.
Avant le début du conflit israélo-iranien, les analystes anticipaient encore une poursuite des perturbations jusqu’à la fin de l’année 2025 et une reprise progressive des flux ainsi qu’une hausse des revenus à partir de l’année prochaine. Ceux-ci dépendraient toutefois en grande partie du niveau de confiance des armateurs et des coûts d’assurance maritime, encore prohibitifs.
Afin de rétablir la confiance, l’Autorité du canal de Suez avait adopté une série de mesures, parmi lesquelles une réduction de 15% des droits de passage pour les porte-conteneurs de plus de 130 000 tonnes, valable pour une période de 90 jours, ainsi que d’autres incitations tarifaires temporaires, des partenariats pour l’assurance, et l’organisation d’un forum international.
Dans ce contexte encore fragile, le déclenchement du conflit israélo-iranien, et plus récemment les frappes américaines contre les sites stratégiques nucléaires iraniens de Natanz, Fordo et Ispahan risquent de retarder encore davantage la perspective d’une reprise rapide du trafic, compte tenu des incertitudes liées à la position des rebelles houthis et à la fermeture du détroit d’Ormuz, que franchissent bon nombre de tankers d’hydrocarbures empruntant le canal.
Source Ambassade de France en Egypte





















Réagissez à cet article