Dans le contexte de l’aggravation de la situation sécuritaire, Moody’s a annoncé le 28 septembre sa décision de baisser la note souveraine d’Israël de A2 à Baa1, soit une dégradation de trois crans depuis février. Après la perspective négative émise par l'agence en février, l'abaissement de la note de crédit d'Israël par Moody’s ne constitue pas une surprise.
Pas une surprise mais cela reste exceptionnel à triple titre :
– Cela intervient en dehors du calendrier traditionnel
– Il consiste en une réduction inédite de deux crans de A2 à Baa1
– La perspective négative reste en vigueur. Le 2 octobre, S&P a imité Moody’s en rétrogradant la note souveraine d’Israël de A+ à A avec perspective négative. Après le déclassement de A+ à A par Fitch en août, les trois agences affichent une position désormais globalement alignée.
Les raisons invoquées par Moody’s et S&P se concentrent sur les implications d’une guerre dont l’intensité s’accroît et la durée s’étend, augmentant les risques sécuritaires et géopolitiques.
Moody’s anticipe des risques pour la solvabilité d’Israël à court et à long terme. Elle constate un affaiblissement de l’économie, nourri par la détérioration de la situation fiscale, le retard accumulé dans la préparation du budget 2025, l’incertitude concernant le « jour d’après » dans le conflit, ou encore l’absence de plans du gouvernement. S&P prévoit que les menaces sécuritaires ébranleront la confiance des consommateurs et des investisseurs, alors que les secteurs de la construction, de l’agriculture et du tourisme enregistrent de faibles niveaux d’activité.
Une opération terrestre d’ampleur au Liban pourrait en outre limiter la reprise économique à court terme en mobilisant massivement les réservistes. Moody’s prévoit une croissance du PIB réel de 0,5% en 2024 et a revu à la baisse sa prévision de croissance potentielle pour 2025, à 1,5% au lieu de 4% (respectivement 0% en 2024 et 2,2% en 2025 pour S&P).
Les deux agences jugent peu crédible l’objectif du gouvernement d’un déficit budgétaire limité à 6,6% du PIB en 2024. Moody’s s’attend à ce qu’il excède 7,5% d’ici la fin de l’année (9% pour S&P). Moody’s et S&P prédisent enfin une augmentation du ratio dette publique/PIB à 70 % en 2025.
Mis sous pression, le gouvernement devra présenter rapidement un cadre budgétaire pour 2025 de nature à rassurer les marchés.
À l’issue du comité monétaire du 9 octobre, le gouverneur de la Banque Centrale a appelé à considérer sérieusement le signal des agences de notation. Pour rétablir la confiance des investisseurs, le comptable général du Ministère des Finances et la Banque Centrale ont insisté auprès du gouvernement pour qu’il approuve au plus tôt le budget de l’État pour 2025et pour que celui-ci priorise des investissements dans les moteurs de croissance et les infrastructures malgré la guerre.
Avec près de deux mois de retard, les discussions budgétaires ont certes été enclenchées à la fin de l’été mais le gouvernement peine toujours à consolider le budget 2024 du fait des dépenses de défense accrues.
Source Ambassade de France en Israel
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