L’Algérie voit émerger une nouvelle génération de créateurs de jeux vidéo, portés par des studios indépendants qui ambitionnent de proposer des contenus à l’algérienne. Loin des géants mondiaux du secteur, ces jeunes entrepreneurs et passionnés dessinent les contours d’une industrie en devenir, mêlant savoir-faire technique, créativité et identité culturelle.
Un écosystème jeune, dynamique et en pleine mutation
L’écosystème du jeu vidéo en Algérie reste modeste à l’échelle internationale, mais il commence à prendre forme grâce à l’initiative de studios indépendants. Parmi les acteurs majeurs, on retrouve Xerise, DevQuest et Jana Games Studios, ce dernier fondé en 2014 par Seifeddine Wassim Haddar, qui se distingue par sa volonté de créer des jeux « boundary-less, experiential, and inspiring ». Ces studios s’appuient sur des équipes polyvalentes de designers, développeurs et artistes, et proposent des jeux pour PC, web et mobile, souvent inspirés de la culture locale.
À côté de ces structures, des entrepreneurs comme Fatma Meheni, fondatrice d’Ahras Studio, incarnent la volonté de professionnaliser la filière. Après une formation à l’étranger, Fatma Meheni a choisi de revenir en Algérie pour développer et éditer des jeux made in Algeria, en insufflant une touche algérienne à ses créations. Son parcours témoigne de la vitalité et du potentiel du secteur, même si l’industrie reste encore balbutiante.
Des contenus à l’algérienne, entre tradition et innovation
Les développeurs algériens cherchent à se démarquer en intégrant des éléments culturels et sociaux tirés de leur quotidien. Certains jeux s’inspirent de l’histoire, de la musique, des paysages ou des traditions du pays, offrant ainsi une expérience unique aux joueurs locaux et internationaux. Par exemple, des titres comme The Rootkit ou Sefar, produits par Jana Games Studios, témoignent de cette volonté de proposer des univers originaux, à la croisée de l’imaginaire algérien et de l’innovation technologique.
Cette démarche s’accompagne d’un esprit de communauté, illustré par des initiatives comme la création de forums ou de groupes de discussion où les jeunes développeurs partagent leurs idées, leurs projets et leurs expériences. Des événements réguliers, organisés par des agences spécialisées comme Gamers Rules ou NACL, permettent aussi de rassembler les passionnés et de faire découvrir les talents locaux.
Défis et perspectives
Malgré l’enthousiasme, le secteur fait face à des défis de taille : manque de financement, absence de structures d’accompagnement solides, difficultés d’accès aux marchés internationaux et faible visibilité à l’échelle nationale. Pourtant, la passion et la créativité des jeunes développeurs, comme Oussama B., qui a lancé son premier jeu à 18 ans, montrent que l’industrie a un potentiel réel à exploiter.
Aujourd’hui, la distribution et l’importation de jeux et d’accessoires restent les segments les plus stables, portés par des acteurs comme DzGameStore ou Playmania. Mais l’émergence de studios de développement indépendants laisse entrevoir un avenir prometteur pour la création de contenus locaux.
Les développeurs de jeux vidéo en Algérie incarnent une nouvelle vague d’entrepreneurs culturels, déterminés à faire entendre leur voix sur la scène internationale. En créant des contenus à l’algérienne, ils contribuent à la valorisation de leur patrimoine et à l’essor d’une industrie créative dont le potentiel reste largement à explorer.





















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