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#Agriculture #Emploi #Jeunesse #MAROC
Agence Ecofin
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Mercredi 3 Décembre 2025 à 04:25

Au Maroc, l’agriculture emploie 26 % de la population active, dont plus de 60 % en milieu rural. La sécheresse persistante et la modernisation des activités ont réduit la capacité du secteur à créer de l’emploi ces dernières années.

Au Maroc, le ministère de l’Agriculture prévoit le lancement prochain d’un programme national de soutien à l’emploi en milieu rural, pour un coût total estimé à 1 milliard de dirhams (108,5 millions $). C’est ce qu’a rapporté le média local Hespress le vendredi 17 octobre, citant Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, lors d’une intervention devant le Parlement.

Ce programme s’inscrit dans la feuille de route pour l’emploi, adoptée par le gouvernement en mai dernier sur la période 2025-2030. Selon le responsable, les interventions porteront principalement sur deux axes stratégiques : la formation pratique de 90 000 jeunes, appuyée par des programmes d’orientation et de conseil agricole, et la création d’emplois durables à travers la mise en œuvre de 3 400 projets d’agriculture solidaire, principalement dans l’élevage.

Des mécanismes d’incitations financières (subventions, soutien à la location des terres, aides à l’investissement) sont également prévus pour faciliter l’accès à la terre et encourager les jeunes porteurs de projets. D’après M. El Bouari, l’ambition affichée à travers ces initiatives est de renforcer l’employabilité des jeunes ruraux et de consolider la dynamique agricole tout en leur offrant des perspectives économiques durables.

Une réponse à la perte d’emplois dans le secteur agricole ?

Le Royaume chérifien a en effet perdu près de 1 million de postes d’emploi dans son secteur agricole entre 2019 et 2024, d’après les estimations de la Banque centrale du pays (BAM). Cette tendance s’est d’ailleurs poursuivie en 2025.

Selon l’Enquête nationale sur l’emploi publiée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) en octobre dernier, le secteur de l’Agriculture, de la forêt et de la pêche a enregistré une baisse de 108 000 postes d’emploi entre le deuxième trimestre de 2024 et celui de 2025.

Dans son rapport annuel de 2023, où elle évoquait déjà la question de la perte d’emplois dans l’agriculture, la BAM attribue ce recul à plusieurs facteurs, notamment le réchauffement climatique, qui s’est traduit par une persistance de la sécheresse depuis 2019 et une intensification du stress hydrique dans le pays, affectant la production agricole.

La baisse de l’emploi agricole serait, par ailleurs, favorisée par le recours de plus en plus accru aux techniques modernes et à la mécanisation. Selon les données compilées par la Banque, le parc de machines agricoles au Maroc a en effet progressé entre 2008 et 2018, passant par exemple de 40 000 à 75 000 unités pour les tracteurs et de 3 000 à 7 000 pour les moissonneuses.

Dans ce contexte, le programme de soutien à l’emploi prévu par le gouvernement, s’il se veut durable, doit intégrer une réponse aux défis climatiques dans la conception de ses opportunités professionnelles à offrir en milieu rural. « Face aux répercussions inéluctables du changement climatique notamment sur l’emploi agricole, les autorités sont appelées à renforcer leurs efforts en matière de politique d’atténuation et d’adaptation en se basant notamment sur les techniques agricoles climato-intelligentes qui ont fait leurs preuves dans de nombreux pays », recommandait l’institution dans son rapport.

D’un autre côté, les offres de formations annoncées doivent s’aligner sur les besoins du marché de l’emploi dans un secteur agricole en pleine mutation. Au-delà de la mécanisation, le secteur agricole marocain voit depuis quelques années l’intégration croissante de technologies de précision, telles que l’irrigation intelligente, les capteurs de sol, les drones agricoles et les systèmes de suivi des cultures. Ces évolutions imposent aux jeunes ruraux de développer de nouvelles compétences techniques et numériques pour rester employables dans le secteur.

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