Pour des raisons dites « stratégiques », l’Algérie a encore une fois reporté son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Cette information a été dévoilée le 4 décembre dernier par le ministre algérien du Commerce, Said Djellab, devant l’ensemble des membres de la commission des finances et du budget de l’assemblée populaire nationale (APN). Retour sur le contexte de cette décision somme toute prévisible.
Dans son intervention, Said Djellab a garanti à l’ensemble de ses interlocuteurs que le retard de l’accession de l’Algérie à l’OMC est un choix économique assumé, principalement lié à la stratégie de l’Etat qui souhaite encourager les produits nationaux. Le ministre a ainsi expliqué que l’intégration de l’OMC fait suite à une analyse rigoureuse de l’économie du pays candidat par l’organisation, par des rounds de négociations et par des ajustements qui peuvent s’étaler sur plusieurs mois.
Pour justifier ce nouveau stand-by M. Djellab n’a pas manqué de soulever les incohérences entre les formalités d’admission et la politique économique d’Alger, en prenant l’exemple de la réduction des droits de douane et la limitation du soutien aux exportations imposés par l’OMC : « l’Algérie impose des droits de douane pour protéger son produit national de la concurrence étrangère et soutient les exportations pour permettre au produit national d’accéder aux marchés internationaux ». Un point de divergence sur lequel le gouvernement n’entend aucune concession.
En 2018, l’Algérie s’est encore éloignée de l’OMC
La priorité et la protection du marché intérieur sont les axes de la politique économique adoptée par Alger. En janvier dernier, l’Algérie avait restreint l’importation de plus de 1 000 produits, au point de « contrevenir » à certaines clauses contractuelles avec certains pays partenaires.
En réponse aux critiques suscitées par cette mesure drastique, le gouvernement algérien a par la suite rétropédalé pour remplacer ces interdictions par des droits de douane plus élevés, allant de 30% à 200%. Ce parti pris, qui s’inscrit plus globalement dans une volonté de diversification des exportations, éloigne un peu plus le géant maghrébin de l’OMC dont il est pourtant membre observateur depuis 1987.
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