Screenshot
#Actualite #Economie #Financement #Immobilier #LIBAN
Denys Bédarride
mardi 15 juillet 2025 Dernière mise à jour le Mardi 15 Juillet 2025 à 14:03

Plus de sept mois après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu avec Israël, la problématique de la reconstruction du Liban reste en suspens, en dépit de besoins importants et urgents.

Dans son étude « Rapid Damage and Needs Assessment » (RDNA) publiée en mars 2025, la Banque Mondiale évalue les besoins financiers post conflit à 11 Md$ (soit 39% du PIB), incluant la reconstruction (8,8 Md$) et l’effort de relance de l’activité (2,1 Md$). L’immobilier concentre 57% des besoins (soit 6,3 Md$) – 10% des logements ayant été endommagés ou détruits, suivi par le secteur commercial/industriel (1,8 Md$).

Ces deux secteurs devront essentiellement bénéficier, selon la Banque Mondiale, de financements privés (qui auraient vocation à couvrir au total 6 à 8 Md$).

Le financement public (3 à 5 Md$) devrait quant à lui être principalement dirigé vers les infrastructures et services publics (eau/assainissement, routes/ponts, électricité, santé, éducation), ainsi que vers l’agriculture et l’environnement.

Contrairement à 2006, les financements immédiatement disponibles sont limités.

Après la guerre de 2006, la reconstruction avait démarré rapidement grâce de multiples sources de financement (dépôts et dons des pays du Golfe, fonds de l’Iran et du Hezbollah, conférence de Paris III). La situation actuelle est marquée par une pénurie de fonds disponibles, qu’ils soient issus des finances publiques, des bailleurs et pays amis ou des flux informels.

Les autorités libanaises n’ont pas encore défini de stratégie de reconstruction.

Le Parlement vient d’adopter, le 30 juin, une loi octroyant des exemptions de diverses taxes et redevances pour les populations affectées par la guerre, relatives notamment aux bâtiments devenus inhabitables du fait des dommages, jusqu’à la finalisation des travaux de réhabilitation. Sur le terrain, le déblaiement et le regroupement des débris, lancés par le précédent gouvernement, sont en cours et des travaux de reconstruction, y compris d’infrastructures (électricité, télécoms), ont été initiés dans certaines localités.

En l’absence d’avancées sur les réformes bancaires, l’effort financier international pour la reconstruction du Liban demeure à ce stade limité et éparpillé.

L’écosystème actuel de l’aide au Liban repose sur le financement en don de multiples projets dans les services de base, transitant par les agences des Nations Unies et les ONG. Or l’aide bilatérale de plusieurs pays (à commencer par les Etats-Unis) connaît actuellement une baisse tendancielle ne permettant qu’un redéploiement partiel vers la reconstruction. Dans ce contexte, l’adoption d’un programme FMI apparaît essentielle pour remobiliser l’aide internationale et en diriger une partie vers les besoins de reconstruction.

La Banque Mondiale a adopté le 24 juin le projet « Lebanon Emergency Assistance Project » (LEAP) visant à contribuer à l’effort de reconstruction, à travers un prêt de 250 M$ ayant vocation à être complété par des contributions (dont celle de la France), de préférence en don, pour atteindre 1 Md$.

Le projet LEAP devrait financer la gestion circulaire des débris, la restauration des infrastructures et services publics critiques, ainsi que leur reconstruction. L’instruction du projet a permis d’engager le processus de réforme du Conseil du Développement et de la Reconstruction (CDR), chargé de sa mise en œuvre, à travers la nomination d’un conseil d’administration de plein exercice, la création d’une unité de gestion autonome et l’engagement à mener une réingénierie des procédures.

Dans un contexte d’incertitudes sur le niveau et la temporalité des contributions, le projet LEAP s’appuie sur un mécanisme de priorisation géographique des interventions, afin de maximiser leur impact à court terme.

Source Ambassade de France au Liban

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *