Après une cérémonie en grande pompe, le Louvre Abu Dhabi a enfin ouvert au public samedi. Une occasion pour la France de briller à travers la diplomatie culturelle.
Qualifié de « premier musée universel du monde arabe » le Louvre Abu Dhabi situé sur l’île de Saadiyat aux Emirats Arabe Unis a été conçu par Jean Nouvel. Cet architecte Français est le maître d’œuvre de plusieurs réalisations connues mondialement comme la tour Agbar à Barcelone, le Zlaty Andel de Prague ou le philarmonique de Paris. Né en 1945, Jean Nouvel s’est fait d’abord connaître en France avec la réalisation de la façade de l’institut du monde arabe, l’opéra de Lyon puis avec la réalisation en toute transparence de la fondation Cartier à Paris en 1994. En choisissant de faire la part belle au verre et au métal, l’architecte se fait connaître à l’international avec la réalisation du Palais de la culture et des congrès de Lucerne, la Dentsu Tower de Tokyo, l’extension du Musée Reina Sofía de Madrid, et le théâtre Guthrie de Minneapolis.
Choisi pour construire le musée Abu Dhabi, Jean Nouvel représente la vitrine Française de l’art et du Contemporain. Le musée recouvert d’un dôme de 180 mètres, avec une pluie de lumière inspirée des palmeraies des souks, est un hymne à la culture, à la tolérance et à la liberté. L’enjeu artistique devient éminemment politique lorsque le président Français Emmanuel Macron décrit dans son discours d’ouverture les Emirats Arabes Unis comme une des plaques tournantes de la mondialisation, de l’épicentre des accélérations des échanges dans le monde. Pour la France, il s’agit de peser culturellement et politiquement dans le monde surtout au sein du monde arabe. Ce type de diplomatie n’est pas nouveau puisque le projet du Louvre Abu Dhabi avait été initié par Jacques Chirac 20 ans plus tôt. En revanche l’utilisation de la culture Française pour établir de nouvelles formes de diplomatie comme le fait Emmanuel Macron est une idée plutôt neuve. Dans un monde arabe, pris par des conflits confessionnels et géopolitiques complexes, la culture semble pour la France un bon moyen de sortir son épingle du jeu.
L’accord signé entre les Emirats Arabes Unis et la France pour une durée de 30 ans inscrit cette relation dans la durée et à la face du monde. Le projet qui totalise 1 milliards d’euros de recettes pour la France en plus de la réalisation architecturale estimée entre 83 et 103 millions d’euros a de quoi réjouir les défenseurs du patrimoine de l’Hexagone. Le musée permet le voyage des œuvres les plus célèbres comme « Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard » de Jean-Louis David, l’ « auto portrait » de Vincent Van Gogh, « le Bohémien » d’Edouard Manet ou encore des vestiges du Moyen Orient de plus de 8 000 ans venant de Jordanie ou encore des statuettes d’Asie Centrale datant de 1 700 Avant JC d’une valeur inestimable. En tout ce sont 235 œuvres que la France prête au Louvre Abu Dhabi.
Pour les Emirats Arabes Unis, il s’agit de faire venir davantage de touristes sur le site Saadiyat alors en plein développement. Samedi lors de l’ouverture du Louvre Abu Dhabi au public, 5 000 personnes étaient attendu d’après Mohammed al-Moubarak, président de l’Autorité de la culture et du tourisme d’Abou Dhabi. Un enjeu régional donc pour le pays qui veut se poser comme lieu de culture et de tolérance à la face du monde et enjeu politique également pour un pays qui doit s’imposer face aux géants Saoudiens et Qataris voisins.
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