Selon l’économiste tunisien et directeur général de Directway Consulting Ezzedine Saidane, la reprise économique annoncée pour la Tunisie ne serait pas encore d’actualité. Il pointe du doigt l’irréalisme des chiffres et l’angélisme des décideurs.
Serait il donc « tartufien » de parler de reprise économique en Tunisie ? C’est en tout cas contre vents et marées que l’économiste tunisien Ezzeddine Saidane vient réfuter les déclarations récentes faites à ce sujet par de nombreux responsables politiques tunisiens, à commecer par le Gouverneur de la Banque Centrale Chedly Ayari qui annonçait un retour à la croissance.
Opérant dans le secteur bancaire depuis plus de 30 ans, l’économiste tunisien daigne apporter de l’eau à son moulin en étayant ses propos par une série d’arguments qui tiennent la route. Lui, qui dans un passé récent avait déclaré à l’antenne de la radio locale Mosaique FM que le programme de développement 2016/2020 imputable au chef du gouvernement tunisien Youssef Chahed relevait davantage de l’utopie économique que de l’esprit de réforme.
De surcroît, l’intéressé explique que :
– La croissance demeure encore faible (calculée au taux de 1,9 % sur les neufs premiers mois de 2017) et ne permet donc pas, in concreto, la création d’emplois et de richesse.
– Le creusement du déficit de la balance commerciale (évalué à environ 4,2 milliards d’euros pour les 10 premiers mois de 2017) devra, en partie, être comblé par les recettes du tourisme et les transferts de devises.
– Le recours au financement non-conventionnel « la planche à billets » pour financer les banques imprime, de facto, un rythme économique à caractère inflationniste et fait baisser le pouvoir d’achat du citoyen tunisien.
– L’hémorragie des réserves de change.
– La constante perte de valeur de la monnaie locale, le Dinar tunisien (60% de baisse depuis 2010.)
– La baisse de l’épargne nationale à 11% du produit National Brut PIB.
– L’aspect négatif du dernier rapport publier par l’agence de notation Fitch ratings et qui pointe du doignt l’absence de réformes au niveau local.
– Le gel de la troisième tranche du crédit de 2,9 milliards de dollars, prévue par le FMI n’arrangera pas les finances du pays.
C’est en s’appuyant sur ces paramètres clés que Ezzeddine Saidane établit son diagnostique. Il estime que, c’est d’un sauvetage dont à besoin l’économie du pays du jasmin davantage que de pirouettes techniques sservant à triturer les chiffres. Dans son réquisitoire contre les thèses officielles défendues par les responsables tunisiens, il met l’accent sur la politique de bricolage et le carriérisme, qui minet le terrain du développement économique.
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