En marge d’une visite de travail effectuée dans le département d’Alger, le ministre des Transports et des travaux publics, Abdelghani Zaalane est revenu sur la situation financière de la compagnie aérienne Air Algérie, en déclarant que celle-ci n’était pas en situation de faillite. Pourtant, les chiffres disent le contraire. Le point avec Ecomnewsmed.
Tout part d’un courrier interne envoyé le 19 novembre dernier par le Directeur général d’Air Algérie Bakhouche Alleche, dans lequel il tire la sonnette d’alarme quant à la situation financière catastrophique de la compagnie qu’il dirige. Dans cette correspondance, le manager d’Air Algérie pointe du doigt les nombreuses anomalies qui pourraient à terme, selon lui, mener la société à la banqueroute. ” Notre compagnie est aujourd’hui confrontée à une situation des plus délicate, marquée par des résultats opérationnels négatifs, eux-mêmes, générés par des coûts en constante augmentation, une concurrence directe et indirecte, qui pèse sur nos revenus.” a-t-il martelé. Le décor est planté !
Une gestion qui ne décolle pas !
Fondée en 1947, Air Algérie est une société par actions (SA) au capital social d’environ 506 millions d’euros. A l’instar de nombreux fleurons de l’industrie algérienne, elle est détenue à 100% par l’état. Avec un effectif atteignant les 10 000 employés et un bilan financier déficitaire, la gestion de la compagnie a du plomb dans l’aile. En 2016, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 590 millions d’euros. Une piètre performance, jugée inquiétante par le patron de la compagnie bicolore, qui ose remettre en question son mode de gestion actuel.
En effet, il dénonce un ” sureffectif dans les fonctions non productives ” ; des ” sujétions de service public onéreuses ” et un ” lourd endettement “. A titre de comparaison, le personnel de la compagnie aérienne Royal Air Maroc (RAM) est trois fois inférieur à celui d’Air Algérie, pour le même nombre d’appareils en exploitation, constituant leurs flottes respectives (56 pour la RAM et 57 pour Algérie). Mais ce n’est pas tout, déployant ses tentacules un peu partout dans le monde, le transporteur algérien opère depuis 44 agences à l’étranger dont 7 en France. Son déficit a été évalué à environ 1,9 milliard d’euros, soit plus de 300 % de son capital.
Gabegie et monopole non assumé.
Interpellé par les médias après la sortie fracassante du Directeur général de la compagnie, le ministre des Transports et des travaux publics, Abdelghani Zaalane a déclaré qu’un redressement des finances d’Air Algérie pourrait suivre le chemin d’une réévaluation à la hausse des prix des billets. Ceci étant dit, la politique tarifaire pratiquée par le transporteur aérien ne lui laisse pas beaucoup de marge car les billets sont jugés beaucoup trop chers par les usagers. Mis à l’abri de la concurrence étrangère par l’état, Air Algérie manque cruellement de compétitivité et exerce sur le marché du transport aérien un monopole sans merci.
Profitant de barrières à l’entrée qui se caractérisent par de fortes taxes appliquées aux compagnies étrangères, Air Algérie règne en maître des lieux et éloigne un à un les nombreux prétendants qui lorgnent le marché algérien. Pourtant, cette absence de concurrence ne lui est guère profitable et cela impacte directement la qualité des services proposés. Dans un rapport établi par le Collectif Contre la Cherté des Transports vers l’Algérie (CCTA), on apprend que le taux de retard des avions est estimé à 40 %. Les grèves à répétition et autres contentieux administratifs viennent noircir un peu plus ce tableau.
Face à cette situation de marasme économique dans lequel la compagnie s’est engluée, des mesures courageuses et efficaces doivent être entreprises pour essayer d’endiguer les problèmes d’Air Algérie. Depuis 14 ans, les subventions de l’état on atteint les 390 millions d’euros, sans que cela produise les effets escomptés. Soucieux de la préservation des emplois et de la pérennité du pavillon national marchand, Bakhouche Alleche estime qu’aucune économie, aussi petite soit-elle, ne saurait être négligée. Poussé dans ses derniers retranchements, le gouvernement s’apprête à lancer un plan de développement de la compagnie aérienne qui devrait se traduire par une hausse des tarifs pratiqués par la compagnie. Ultime solution ou simple pansement sur une jambe de bois ?
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