Egypte/Ethiopie : la Renaissance, ou le barrage de la discorde
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Rédaction Ecomnews Med
vendredi 13 juillet 2018 Dernière mise à jour le Vendredi 13 Juillet 2018 à 10:11

En Éthiopie, une énorme construction de béton et d’acier se dresse sur le chemin du Nil Bleu. Il s’agit du barrage de la Renaissance, qui se veut un symbole de progrès et de puissance économique dans ce pays de la Corne d’Afrique. Néanmoins, sans le vouloir, cet édifice nourrit des inquiétudes coté égyptien, et pour cause. Dans le pays des pharaons, le Nil est bien plus qu’un symbole national, il est la principale source d’eau du pays. Focus sur un projet hautement stratégique et aux multiples enjeux.

Cet immense barrage doit permettre à l’Ethiopie d’assurer son indépendance énergétique grâce à la plus grande centrale électrique du continent, et ce dès la fin de l’année 2018. Dans un pays où les besoins en électricité croissent annuellement de 30%, le barrage revêt une importance stratégique.

Néanmoins, l’ambition éthiopienne suscite de fortes inquiétudes en Egypte où 25% de la population vit des ressources du plus grand fleuve au monde et 95% en consomme l’eau.

Pour faire face à cette pénurie programmée, les autorités égyptiennes ont imposé une réduction des surfaces de rizières, très gourmandes en eau, de 23%, et ont donné leur feu vert pour importer un million de tonnes de riz en 2018. Une première dans ce pays de tradition rizicole ! Le Delta du Nil a, en effet, produit 4,5 millions de tonnes de riz en 2017.

Son riz rond japonica s’exportait dans tout le Moyen-Orient et jusqu’en Europe de l’Est. Pour les autorités égyptiennes, on ne badine pas avec cette question, car il s’agit de sécurité alimentaire, et par ricochet de sécurité nationale.

Addis-Abeba se veut rassurante

Rappelons qu’à l’ouverture des travaux, en 2013, le président égyptien de l’époque, Mohammed Morsi, n’a pas mâché ses mots en claironnant que « Si une seule goutte du Nil est perdue, notre sang sera la seule alternative ».

Le 10 juin dernier, le Premier Ministre éthiopien, Abiy Ahmed Ali, a promis lors d’une visite officielle au Caire, que les autorités de son pays « prendront soin du Nil » et « préserveront leurs quotes-parts des eaux ». Il s’est même engagé à augmenter ces dernières. Abiy Ahmed Ali veut surtout éloigner le spectre d’un conflit armé autour de l’eau entre les deux pays.

Des négociations sont actuellement en cours entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie pour parvenir à un accord qui permettrait à chaque pays de préserver ses intérêts.

Le gouvernement égyptien réclame, pour sa part, que le remplissage du réservoir du barrage en Ethiopie soit étalé sur huit ans, pour minimiser la baisse temporaire du niveau du fleuve, au moment où l’Ethiopie ne propose que quatre ans.

En dépit de ces crispations entre l’Egypte et l’Ethiopie, le siège de la banque centrale égyptienne au Caire a abrité, les 3 et 4 juillet, des discussions de haut niveau pour la création d’un Fonds d’investissement et d’infrastructure tripartite entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan. Entrant dans le cadre d’un accord conclu entre les dirigeants des trois pays au début de l’année 2018, les discussions ont abordé toutes les questions relatives à la mise sur pied de ce Fonds, considéré comme le plus important du continent.

Le renforcement des relations économiques entre ces trois pays parviendra-t-il à désamorcer la situation ? La question reste entière !

Pour en savoir plus, découvrez nos vidéos sur l’actualité économique de l’Egypte :

 

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