En 1985, l’Algérie découvre avec stupéfaction que la période du pétrole bon marché est bel et bien révolue. L’industrie algérienne en crise, minée par l’endettement, augure la fin du monopole industriel publique.
En une décennie, la stratégie d’industrialisation fondée sur le dirigisme de l’Etat central a permis de générer un accroissement massif des actifs industriels. Le plan d’investissement a été financé essentiellement par la rente pétrolière, favorisant ainsi la mise en place d’un secteur disposant d’équipements et de technologies modernes. Or, les résultats en termes de création de richesses se sont révélés pas assez satisfaisants, et ce d’autant plus que l’endettement a atteint des records. L’organisation générale de l’économie et la place centrale du secteur des hydrocarbures sont pointés du doigt.
La baisse de la rente consécutive au contre-choc pétrolier
La croissance extensive, qui s’est poursuivie en Algérie jusqu’à la fin des années 70, va malheureusement être suivie par une chute vertigineuse des cours du pétrole brut en décembre 1985, imputée à l’apparition sur le marché mondial d’une offre excédentaire. L’Algérie découvre ainsi que la période du pétrole bon marché est bel et bien révolue.
Le secteur industriel se révèle un fardeau pour l’Etat qui n’avait plus les moyens de subventionner une industrie qui n’est toujours pas parvenue à dégager des capacités d’autofinancement. Au cours de la période 1987-1999, l’industrie manufacturière connaissait une croissance moyenne négative de 2,7%.
La politique du gouvernement s’est en effet tout naturellement traduite par une désindustrialisation accélérée qui, il faut bien le souligner, ne semble avoir épargné aucune branche. A titre d’exemple :
- les mines et carrières, matériaux de construire et les bois/ liège et papier ont perdu entre 43 et 47% de leur part dans la valeur ajoutée ;
- La même tendance est observable dans les cuirs et chaussures et les textiles et confection qui ont respectivement perdu 90% et 77% de leur production ;
- l’indice de production des industries sidérurgiques, métallurgiques, mécaniques et électriques (ISMME) a également enregistré une baisse pour s’établir à 60% entre 1989 et 2006.
Désinvestissement de l’Etat et abandon du projet industriel initial
Au milieu des années 80, la chute du prix des hydrocarbures suite au contre-choc pétrolier avait amorcé la période des tentatives anti-pénurie et provoqué la fermeture des marchés financiers internationaux pour l’Algérie. Pour l’Etat, la réforme du secteur passe par un accord d’ajustement structurel concrétisant la libéralisation des prix et un changement statutaire de l’entreprise publique, mais augure paradoxalement le début d’une phase dépressive durant laquelle les contreperformances de la production industrielle sont clairement imputables à plusieurs facteurs exogènes à la nouvelle politique de gestion :
- les investissements dans le secteur industriel public ont été bien plus signifiants par leur quantité que par leur apport à la production nationale et la qualité de leur allocation;
- le recours massif aux importations des matières premières et des biens d’équipement entraine une production largement inférieure aux objectifs assignés dans le cadre des plans quinquennaux ;
- la trésorerie enregistre un déficit estimé à plus de 5,5 milliards de DA ;
- l’industrie algérienne ayant échoué à endurer la concurrence internationale, ne peut occuper une place importante dans les exportations. La diminution de recettes extérieures impose ainsi de s’engager dans des mesures d’austérité budgétaire.
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