Raya Haffar El-Hassan a été nommée fin janvier ministre de l’Intérieur du Liban. Une nomination audacieuse, dans un pays qui reste dominé par le système patriarcal. Cette proche de Hariri qui ne cache pas sa détermination a d’ores et déjà annoncé ses axes d’action. Portrait.
Elle est la première femme à occuper le poste de ministre de l’intérieur au Liban, et même dans le monde arabe. Raya Haffar El-Hassan a été nommée à cette fonction fin janvier. Elle fait partie de l’une des quatre femmes ministres que compte le nouveau gouvernement de Saad Hariri.
Âgée de 52 ans, Raya Haffar El-Hassan est née en janvier 1967 à Tripoli. Après avoir décroché un diplôme en gestion administrative de l’Université américaine de Beyrouth et un MBA en finances et investissements de la George Washington University en 1990, elle a navigué entre les sphères publique et privée tout au long de sa carrière.
Conseillère de l’ancien Premier ministre Fouad Siniora puis, plus tard, de Saad Hariri, elle a été nommée en novembre 2009 ministre des Finances par le chef du gouvernement. Un poste qu’elle a occupé jusqu’en janvier 2011. Convaincue par le modèle économique promu par le Courant du futur, elle est aujourd’hui membre du bureau politique de ce mouvement.
Contre les violences domestiques
La nouvelle ministre de l’Intérieur ne cache pas sa détermination et sa motivation. Parmi ses priorités : resserrer les lois sur la violence domestique. Lors de son discours inaugural, le 6 février, elle a demandé à “toutes les femmes battues de se rappeler que chaque station dans chaque village doit la protéger”.
Autre axe d’action : la situation dans les prisons et notamment les droits humanitaires des prisonniers. Le développement de la coopération entre les services de sécurité sous son contrôle, perméables aux influences politiques et souvent rivales, fait aussi partie de son projet.
Raya Haffar El-Hassan, qui devra également gérer des dossiers épineux comme le Hezbollah, la sécurité aux frontières et le million de réfugiés syriens, est l’une des rares femmes au monde à occuper ce poste sensible. “Je dois démontrer la capacité des femmes à assumer ce portefeuille exceptionnel”, a-t-elle assuré.
“Les femmes peuvent faire bien mieux que les hommes”
Dans le gouvernement libanais, on ne compte que quatre femmes ministres sur les trente postes et uniquement six députées dans le parlement élu en mai 2018. “Saad Hariri voulait une femme qui est de Tripoli. C’est ainsi que j’ai été choisie” avait confié Raya Haffar El-Hassan au journal libanais L’Orient, Le Jour.
Lors d’une rencontre internationale à Dubaï, le 10 février, Saad Hariri a en effet expliqué les raisons de son choix. Soulignant que les femmes “représentent 54 % de la société libanaise”, le leader s’est dit “persuadé que les femmes, dans le monde arabe en général et au Liban en particulier, peuvent faire les choses bien mieux que les hommes. (…) Les Libanais devraient s’habituer au fait que les femmes peuvent tenir des postes importants au sein de l’Etat”.
Mais cette proche de Hariri devra aussi compter avec le clergé, dont elle s’est déjà attiré les foudres. Raya Haffar El-Hassan a provoqué l’indignation pour avoir fait part de son intention “d’ouvrir la porte au dialogue pour faire reconnaître le mariage civil facultatif au Liban”, vendredi dernier sur la chaîne télévisée Euronews. Reste à savoir si elle pourra trouver une fenêtre d’ouverture pour faire passer ses réformes.
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