Les 25 et 26 mars derniers, le président libanais Michel Aoun s’est rendu pour la première fois en Russie où il a rencontré son homologue russe, Vladimir Poutine. Quels sont les enjeux et les motifs derrière ce nouveau rapprochement entre les deux pays ? Eléments de réponse.
La République libanaise courtise la Fédération de Russie. En effet, traditionnellement tourné vers les pays occidentaux, le Liban vient d’effectuer un revirement de sa stratégie diplomatique en direction de la Russie de Poutine.
Au départ de cette initiative diplomatique, les observateurs évoquent la décision du président américain Donald Trump de reconnaître la souveraineté d’Israël sur le Golan. À ce titre, Michel Aoun s’était empressé de déclarer que ce geste du président américain « torpillait tous les fondements et toutes les règles de l’ONU ». Une position partagée par Moscou, qui s’appuie sur la résolution onusienne qualifiant le Golan de territoire Syrien.
En outre, le président libanais fut le premier dirigeant du Moyen-Orient à s’entretenir avec Vladimir Poutine à ce sujet, s’en est suivie une visite diplomatique de deux jours en Russie, une première pour un président libanais. Cette visite a été marquée par les pourparlers officiels entre les présidents des deux pays sur plusieurs sujets d’intérêt commun, dont le Golan, mais également la crise des refugiés syriens.
Vers une coopération diplomatique plus élargie
L’objectif annoncé de la visite de Michel Aoun en Russie est de redynamiser les relations entre les deux pays, notamment sur le volet diplomatique. Dans le sillage de ce qu’il conviendrait d’appeler « l’affaire du Golan », les deux chefs d’Etat ont évoqué le dossier pressant des refugiés syriens sur le territoire libanais, dont le nombre serait d’environ 1,5 million de personnes. À ce sujet, il a été convenu de renforcer la coopération trilatérale (Liban, Syrie et Russie) sur ce dossier, afin d’accélérer le processus de retour des refugiés.
La grande implication de la Russie en Syrie, pays frontalier et influent au Liban, est un facteur déterminant et essentiel à la dynamisation des relations russo-libanaises. Les enjeux géostratégiques d’un tel rapprochement sont d’autant plus importants que le Liban penche plutôt vers la position russe sur la crise syrienne, au détriment de la vision occidentale du règlement du conflit.
La Russie n’est pas insensible à cette vision, et le président Poutine a pris l’initiative d’inviter le Liban à assister, en tant qu’observateur, à la rencontre d’Astana (Russie, Iran et Turquie) qui a pour but de solutionner le dossier syrien.
Quid des relations Liban – occident ?
Bien que la récente visite du président libanais en Russie laisse présager un renforcement des relations bilatérales entre les deux pays, le Liban demeure un allié traditionnel de l’occident. Certains observateurs estiment qu’il est trop tôt pour se prononcer sur un éventuel revirement complet de la stratégie diplomatique libanaise vers la Russie, au vu des relations historiques du pays avec l’Europe et les Etats-Unis.
A titre d’exemple, ces derniers sont le principal pourvoyeur d’armes du Liban, et l’Europe, pour sa part, est le premier partenaire économique du pays.
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