Vendredi 13 septembre, la Tunisie a vécu son dernier jour de campagne électorale avant le scrutin de dimanche, à l’issue très incertaine. Les derniers rebondissements ne masquent pas l'enjeu principal de cette élection : trouver un président qui sera capable de mettre un terme à la crise économique.
Des rumeurs, des meetings, et même un jet de micro. Les dernières heures de la campagne électorale ont été tumultueuses en Tunisie, avant la présidentielle cruciale de dimanche.
La journée du vendredi 13 septembre a notamment été marquée par le rejet d’un recours contre l’arrestation de Nabil Karoui, placé en détention provisoire depuis le 23 août pour blanchiment d’argent. Le candidat, l’un des favoris du scrutin, reste donc en prison pour le premier tour et continue de dénoncer une arrestation « politique ».
Au total, sept millions de citoyens sont appelés aux urnes pour ce premier tour, dont l’issue reste très incertaine, en raison notamment du nombre de candidats qui se présentent et de l’éclatement de familles politiques. Parmi les 26 postulants engagés dans la course, plusieurs sont considérés comme favoris, dont Nabil Karoui donc, le représentant du parti islamiste Ennahda, Abdelfattah Mourou, le Premier ministre libéral Youssef Chahed, le candidat soutenu par Nidaa Tounès Abdelkrim Zbidi, ou encore Mohamed Abbou, candidat du Courant démocrate.
Résorber la crise économique et sociale
Plusieurs d’entre eux s’étaient déplacés sur l’avenue Habib Bourguiba pour ce dernier jour de campagne. A quelques mètres de distance, les derniers discours ont retenti devant les partisans, nombreux à s’être déplacés. Si aucun incident majeur n’est à signaler, ce dernier jour était sans aucun doute un peu tendu du côté des candidats. Ainsi, Moncef Marzouki, premier président de la Tunisie post-révolutionnaire, a jeté son micro à la figure d’un journaliste de la chaîne Euronews, selon une vidéo relayée par la presse locale. Le candidat aurait ensuite présenté ses excuses, en expliquant qu’il était « fatigué », rapporte le site Kapitalis.
Largement relayés dans les médias locaux, ces incidents et guerres politiciennes n’auront sans doute pas réussi à détourner l’attention des citoyens, qui attendent de leur futur président qu’il s’attelle à résorber la crise économique et sociale, dans un pays où le chômage touche 15% de la population et principalement les jeunes.
“Aucun candidat ne me rassure”
Cette priorité n’est pas celle des Tunisiens de l’étranger, qui ont commencé à voter vendredi. Sur les 386000 inscrits, la plupart résident en France. « Même si je ne me sens pas concerné plus que ça, je vais aller voter », témoigne Amin, Franco-tunisien installé à Paris. Ses préoccupations ? L’écologie, la protection et l’amélioration des acquis sociaux, l’égalité hommes-femmes, la non-incrimination de l’homosexualité et la protection des libertés individuelles. De son côté, Mohamed, installé lui aussi à Paris, attend du futur président qu’il puisse répondre aux questions telles que le développement durable, l’assainissement et la modernisation de l’administration, l’éducation et les services publics. « Je me sens concerné. Je vais voter mais aucun candidat ne me rassure. Certains me font franchement peur », poursuit-il.
Ben Ali “peut rentrer dans son pays”
A minuit vendredi, le pays est entré en période de “silence électoral ». Mais pour ajouter à la complexité de la situation, une autre campagne a commencé vendredi minuit, celle des législatives du 6 octobre.
À l’heure du choix, et pour semer un peu plus la confusion, celui qu’on attendait plus a en tout cas réussi à faire parler de lui. L’ancien président Zine el Abidine Ben Ali s’est invité dans le scrutin car sa santé se serait dégradée ces derniers jours. « Je donnerais mon feu vert pour son retour. C’est un cas humanitaire. S’il est malade comme le disent les rumeurs, il peut rentrer dans son pays comme tout Tunisien », a déclaré le Premier ministre Youssef Chahed, interrogé sur la chaîne Hannibal TV. Jusqu’au dernier jour, cette campagne aura décidément été pleine de surprises.
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