D'après l'avant-projet de loi de finance 2020, la règle protectionniste 49/51, instaurée en 2009, devrait être allégée dans les secteurs non stratégiques.
Qualifiée de « frein à l’investissement », cette règle limite à 49% la part d’un investisseur étranger dans une société de droit algérien. « Un choix calamiteux pour l’investissement étranger en Algérie » pointé du doigt par l’expert en économie Ferhat Aït Ali, qui estime que « la règle du 49/51 a ralenti les flux de capitaux entrants en Algérie ».
Chiffrés à 1,5 milliard de dollars en 2018, les investissements directs étrangers (IDE) sont parmi les plus faibles de la sous-région, bien en-deça des 3,6 milliards de dollars de fonds étrangers investis chez le voisin marocain, qui figure en 4ème place des pays africains attirant le plus d’IDE.
Lors de sa visite à Alger en 2018, le Français Pierre Gattaz, alors patron du Medef, avait souligné que : « les investisseurs français qui veulent venir en Algérie ont peur de ne pas pouvoir détenir la majorité dans leur entreprise», tandis que, de l’autre côté de l’Atlantique, le vice-président exécutif chargé des affaires internationales de la Chambre de commerce des États-Unis , Myron Brillant, estimait que ces politiques restrictives « n’encouragent pas les investissements étrangers, freinent l’innovation et l’entrée des nouvelles technologies ».
Malgré son impact négatif sur l’économie, les autorités algériennes restaient jusqu’alors campées sur leur position, affirmant que la règle n’était pas révisable . Depuis le début de l’année 2019, le discours s’est allégé lorsque Youcef Yousfi, ex ministre de l’industrie et des mines a brisé le tabou en indiquant, au sujet de la règle 49/51 : « l’État est disposé à la revoir dans le fond, si l’intérêt de l’Algérie le dictait ».
Abdessalam Bouchouareb, son prédécesseur, avait même indiqué que la fameuse règle était « appelée à disparaître en 2020, année de la disparition des barrières tarifaires et de l’établissement de la zone de libre-échange, conformément à l’Accord d’association avec l’Union européenne ».
C’est donc sans surprise que l’avant-projet de loi de finances 2020 évoque l’allégement de ce que beaucoup considèrent comme un frein à la croissance algérienne. Ce signe d’ouverture ne devrait cependant pas concerner les entreprises du secteur des hydrocarbures, principale ressource du pays. Par ailleurs, l’allègement de cette règle ne suffira pas à résoudre le manque d’attrait de l’économie algérienne, un marché où l’insécurité juridique fait fuir les investisseurs.
Il n’en reste pas moins que la décision met en avant la volonté de renforcer l’attractivité économique du pays. Nourredine Bedoui, le premier ministre algérien, a récemment exprimé sa volonté d’alléger le dispositif à travers un communiqué :
« ce nouveau rétropédalage sur un tabou économique aussi fort est aussi un gage offert aux partenaires étrangers dans une phase politique critique. Éviter les critiques trop acerbes, voire obtenir quelques soutiens à l’international, est une préoccupation qu’il ne faut pas sous-estimer».
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