Liban : un mouvement populaire inédit embrase le pays
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Eric Emmanuel Galland
lundi 21 octobre 2019 Dernière mise à jour le Lundi 21 Octobre 2019 à 12:29

Déclenché par l’annonce d’une nouvelle taxe, un mouvement populaire secoue le Liban depuis cinq jours. Le gouvernement de Saad Hariri multiplie les annonces pour endiguer la colère mais ces dernières ne suffisent pas à calmer l’ire des manifestants. Le point sur la situation !

« Votre voix est entendue, et si vous réclamez des élections anticipées (…), moi, Saad Hariri, je suis personnellement avec vous. », c’est dans ces mots que le Premier ministre Saad Hariri a tenté, habillement, de résorber la crise que connaît le pays. Il s’exprimait, lundi 21 octobre, à la sortie d’un Conseil des ministres. Le Premier ministre a annoncé l’adoption d’une série de réformes et du budget 2020 et promis qu’il n’y aura pas de nouvelles taxes. Il faut dire que la colère gronde au Liban depuis le 17 octobre, et l’annonce d’une nouvelle taxe sur les applications de messagerie telles que WhatsApp.  Le mouvement qui prend de l’ampleur de jour en jour, a rassemblé, ce dimanche, des centaines de milliers de protestataires, au quatre coin du pays. A Beyrouth, les slogans comme « Tous, cela veut dire tous! » ou « Révolution, révolution! », ont raisonné jusqu’au bout de la nuit, montrant la determination des contestataires.

Les raisons de la colère

Dans le 3ème pays le plus endetté du monde, après le Japon et la Grèce, la colère couve depuis plusieurs mois. La crise économique s’y est installée et la dévaluation paraît de plus en plus inévitable. Utilisé dans de nombreux échanges, le dollar se fait rare dans les banques où les distributeurs automatiques et les bureaux de change pratiquent des taux défavorables.

La guerre en Syrie, qui a conduit plus de 1,5 millions de personnes à se réfugier au Liban, n’explique pas à elle seule, le marasme économique et la dette publique, qui atteint 86 milliards de dollars, soit 150% du PIB. Les questions des coupures d’électricité qui, depuis 30 ans, plongent régulièrement le pays dans le noir et la crise des déchets, qui avait déjà provoqué des manifestations en 2015, n’ont toujours pas été solutionnés.

En avril 2018 à Paris, la Conférence économique pour le développement du Liban par les réformes et avec les entreprises (Cèdre), avait suscité beaucoup d’espoir. Le gouvernement s’était alors engagé à réformer le pays du cèdre en échange de promesse de prêts et de dons, d’un montant total de 11,6 milliards de dollars.

Cet engagement n’a pas été suivi des faits pour les manifestants qui rejettent la classe dirigeante dans son ensemble et accusent le plan d’austérité voté en juillet 2019, l’immobilisme et la corruption, d’être la cause de leurs maux.

Des annonces jugées insuffisantes

En réponse à ces manifestations qui rappellent les printemps arabes et répond aux mouvement actuels en Algérie ou au Soudan, le ministre libanais des Télécoms, Mohamed Choucair a fait savoir qu’il renonçait à la taxe sur les applications de messagerie qui a mis le feu aux poudres.

Saad Hariri, le Premier ministre s’est lui aussi exprimé pour annoncer qu’il allait accélérer les réformes et s’engager à ne plus créer de nouvelles taxes.

Ces annonces gouvernementales n’auront pourtant pas suffit à apaiser la foule en colère. Ce 21 octobre, le pays reste paralysé et les portes des écoles, des universités et des banques sont restées fermées. Dès les premières heures du jour, des manifestants ont empêché les employés d’aller au travail en coupant de nombreuses routes et les appels à une nouvelle journée de mobilisation se multiplient sur les réseaux sociaux.

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