Ecomnews Med dresse le portrait d’une « presque démocratie » qui s’installe en Tunisie depuis le printemps arabe. Focus.
Fraîchement élu, Kaïs Saïed est le nouveau président tunisien. Universitaire et novice en politique, il est le deuxième chef d’état élu depuis la révolution de 2011 après Béji Kaid Sebsi. Son élection est le signe d’une Tunisie qui bouge, qui se démocratise. Une Tunisie qui a parcouru du chemin sur la voie de la démocratie depuis la fin du règne de main de fer de Ben Ali.
Le bilan de la jeune démocratie tunisienne
Le « printemps arabe » tunisien s’est caractérisé par des révoltes populaires qui ont éclaté à la fin de l’année 2010, suite au décès d’un jeune marchand ambulant, symbole des conditions de vie difficiles des tunisiens. Le pays s’est retrouvé dans une situation politique instable marquée par la fuite de Zine el-Abidine Ben Ali. Malgré la prise de pouvoir successive de plusieurs gouvernements, les manifestations populaires se sont poursuivies, jusqu’à ce qu’une nouvelle constitution soit adoptée et que Béji Caïd Essebi soit élu président de la République en octobre 2014.
Ce fut le premier test de la tout jeune démocratie tunisienne. Le second test est lui plus récent, il date de novembre 2019, date de la tenue des élections présidentielles anticipées suite au décès du président Béji Caïd Essebsi. Des élections accueillies à bras ouverts par les tunisiens, avides de démocratie et de transparence politique. Face à son adversaire Nabil Karoui, le juriste Kaïs Saïed a remporté les élections avec 72,71 % des voix, selon les résultats officiels. Sa victoire marque le rejet massif de la classe politique actuelle, puisque la jeunesse tunisienne voit en ce nouveau président un espoir de revenir aux idéaux de la révolution de 2011.
Une « presque démocratie » qui s’installe et un Etat qui s’affaiblit
Kaïs Saïed n’a pas de programme mais un projet pour la Tunisie : l’amendement de la Constitution à travers une gouvernance par le bas. Son projet de révolution légale et de démocratie participative semble difficile à mettre en place, sinon impossible. Mais les tunisiens sont pleins d’espoir. Alors qu’il s’est toujours proclamé indépendant et sans parti politique, M. Saïed devra s’appuyer sur une coalition et nouer des alliances au gré des besoins. Son premier défi sera donc d’élargir son cercle restreint de collaborateurs afin de constituer une majorité pour former le gouvernement.
Par ailleurs, la Tunisie entre dans une période d’incertitude dans la mesure où les intentions du nouveau président ne sont pas très claires et la situation économique et sociale inquiète. Le pays emprunte pour ses dépenses courantes sans pouvoir investir et il connaît une inflation élevée et un taux de chômage de 33 % chez les jeunes. Enfin, il est à noter que la Tunisie a un fort taux de salaire publique par rapport au PIB, qui est dû à un recrutement massif de fonctionnaires depuis la révolution de 2011.
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