Pour protéger son économie, le Maroc a décidé de manière unilatérale d’infliger une nouvelle taxe aux importations turques.
C’est maintenant officiel ! Depuis le 1er janvier 2020, des droits d’importation supplémentaires de 27% sur les importations turques sont appliqués, contre 0% précédemment dans le cadre de l’accord de libre-échange signé entre le Maroc et la Turquie. Quelles sont les raisons de cette décision prise unilatéralement par Rabat ? Et quelles répercussions aura-t-elle sur l’économie nationale ? La réponse avec Ecomnews Med.
Depuis 2013, le textile marocain a perdu 46 000 emplois
Depuis plusieurs mois maintenant, des rumeurs circulent sur de probables mesures visant à protéger l’industrie textile marocaine contre l’inondation des franchises turques dans les principales villes du Royaume.
Encouragées par les mesures préférentielles incluses dans l’accord de libre-échange entre Rabat et Ankara, celles-ci ont séduit le consommateur marocain par le rapport qualité/prix très agressif de leurs produits.
Une agressivité que les principaux acteurs du secteur de l’habillement qualifient de concurrence déloyale, qui a abouti à la fermeture de plusieurs usines et à la perte de 46 000 emplois depuis 2013 à ce jour.
Le mécontentement des fabricants locaux n’est pas le seul motif qu’a invoqué le ministère de l’industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, présidé par Moulay Hafid El Alami. En effet, depuis la signature de l’ALE, la balance commerciale du Maroc est déficitaire de 16 milliards de dirhams au profit du pays ottoman. Un chiffre suffisamment préoccupant pour tirer la sonnette d’alarme et remettre en cause l’intérêt des accords bilatéraux.
Des réactions partagées des officiels marocains
La décision prise par le ministère de Moulay Hafid El Alami n’a pas tardé à faire réagir les instances politiques marocaines. Ainsi le député PJD Houcine Harich a vivement critiqué cette mesure, affirmant qu’elle a provoqué la faillite de plusieurs entreprises turques installées au Maroc, et qu’elle vise principalement à favoriser certaines marques au détriment d’autres, citant l’exemple d’une entreprise espagnole dont l’augmentation du chiffre d’affaires fait naître des soupçons de conflit d’intérêts.
Pour sa part, la secrétaire d’État au commerce extérieur, Rakiya Eddarhem, a indiqué que l’augmentation du volume des importations turques de 200 % entre 2013 et 2017 a gravement handicapé les résultats des usines textiles locales, entraînant la perte de nombreux emplois.
Le parlementaire RNISTE Abdallah Ghazi, de son côté, n’a pas manqué de rappeler que le textile marocain n’était pas le seul à souffrir de l’invasion des produits turcs, et que les petits commerçants de détail même dans les quartiers les plus populaires peinent à s’affirmer face à l’afflux de petites surfaces du pays anatolien qui s’ouvrent partout.
Réagissez à cet article