Depuis les années 80, le regroupement des entreprises en clusters connaît un développement sans précédent, amplifié par la volonté des pays maghrébins de se positionner dans le développement économique mondial notamment dans la course à l’innovation technologique. Une étude de l’IPEMED (Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen) intitulée « Clusters au Maghreb, entre mondialisation et territorialisation « analyse ce phénomène.
Qu’est-ce qu’un cluster ?
Terme inventé par l’économiste anglais Marshall au XIXème siècle, il désigne aujourd’hui une organisation articulée autour d’une spécialisation métier, d’un territoire et d’une collaboration entre industriels et institutions de soutien à l’innovation.
Le fonctionnement en cluster repose sur l’idée de « coopétition « .
Formation, innovation, veille stratégique sont mutualisées pour permettre le développement sans empêcher chacun de développer ses outils concurrentiels. Coopération et compétition vont ensemble pour multiplier les opportunités.
Fort d’une histoire de collaboration industrielle et artisanale ancienne ( les travailleurs du cuir à Marrakech par exemple ), le Maghreb adopte ce mode de fonctionnement de plus en plus fréquemment, notamment pour les industries stratégiques ou innovantes, afin de faire face à la concurrence sur un marché mondialisé.
Les clusters marocains, appuis d’une volonté politique de mieux-disant économique.
Depuis 2006 et le Pacte pour l’Emergence Industrielle, le royaume a poursuivi une politique agressive d’amélioration de sa compétitivité économique en favorisant l’innovation. La méthodologie employée par l’Etat marocain pour favoriser et soutenir l’émergence de clusters repose sur des appels à projets à l’intention des acteurs industriels et technologiques.
Ces appels répondent à des thématiques prioritaires et doivent générer des projets collaboratifs avec un fort aspect R&D et visibles à l’international.
Les projets retenus sont par la suite intégrés au cluster et soutenus par l’administration.
Notons que cette méthode a été assouplie dans le cadre des startups et que les entreprises innovantes sont soutenues à la fois financièrement mais aussi dans leur développement commercial.
Parmi ces clusters, citons entre autres :
- Le Cluster Electronique Mécatronique et Mécanique du Maroc CE3M
- L’Aerospace Moroccan Cluster
- Le Maroc Numeric Cluster
- L’Agripole Innovation Meknès AGRINOVA
L’Algérie développe ses clusters pour compenser la baisse des prix du pétrole.
Face à une économie pétrolière peu diversifiée et sous contrôle étatique, les autorités algériennes ont encouragé l’entrepreneuriat et les partenariats déjà en cours sous l’impulsion des chefs d’entreprise.
L’Etat a ainsi encouragé le développement de la sous-traitance automobile et une politique d’avantages fiscaux pour les filières prioritaires. Parallèlement, on assiste au développement de centres techniques pour l’industrie et de collaborations universités-entreprises afin de favoriser le développement et la formation. Notons que le pays s’est lancé tardivement dans cette voie mais qu’il a su profiter des avantages du pays, notamment dans l’agroalimentaire et le solaire.
Les quatre clusters industriels constitués et actifs sont les suivants :
- Le Cluster de la Mécanique de Précision
- L’ Algeria Digital Cluster
- Le Cluster de l’Energie Solaire
- Cluster Boisson Algérie
En Tunisie, les clusters n’ont pas bénéficié d’un dispositif spécifique
Le pays a choisi une structure de technopôles localisés et de soutien aux filières déjà présentes sur les territoires. Pour exemple le Pôle de Compétitivité de Monastir (textile) ou le Technopôle de Sfax (NTIC).
Ce sont ces pôles de compétitivité qui doivent prendre en charge le transfert des connaissances et renforcer la collaboration et la R&D.
Conséquence de cette organisation, les dispositifs publics de soutien aux clusters tardent à se mettre en place, alors que les startups sont elles soutenues depuis le vote d’un Startup Act en 2018.
Parmi les clusters qui se détachent sur le territoire national :
- Cluster Mecatronic de Tunisie à Sousse (CMT)
- Cluster Textiles Techniques du Sahel (2TS) de Monastir
- Cluster Logistique de Sfax
- Cluster Dattes et Palmiers Tunisie de Tozeur.
Comme ce panorama l’a montré, le développement des clusters dans le Maghreb se fait à des rythmes différents et recouvre des activités variées tant issues d’une tradition nationale que d’une volonté de rejoindre la course technologique mondiale.
On peut toutefois observer que les obstacles sont en train de se lever et que les Etats s’investissent de plus en plus dans la promotion et le développement de ces structures, notamment grâce à un « effet startup » qui pousse les autorités à innover et à accélérer le changement pour ne pas se retrouver à la traîne dans un univers d’innovations permanentes.
Source IPEMED
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