Intervenant dans un contexte économique et social qui mène le pays à l’implosion, la visite du chef de la diplomatie française a pour but d’encourager le pays à se lancer dans les réformes nécessaires à l’obtention de l’aide internationale et à réaffirmer le rôle de partenaire de la France.
Pour situer le contexte actuel du Liban, rappelons quelques faits importants :
- La moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté
- Le chômage atteint 35% de la population active
- La livre libanaise se dévalue pratiquement quotidiennement. Même si son taux officiel reste fixé à 1500 livres pour un dollar, le cours dans la rue a dépassé les 8000 pour 1
- Depuis octobre 2019, les citoyens se soulèvent contre la corruption et l’incompétence généralisée de la classe politique
L’Etat a aggravé la situation en imposant des restrictions sur les opérations bancaires à destination ou en provenance de l’étranger.
Ce qui aboutit bien entendu à une flambée des prix, des licenciements massifs et des fermetures d’entreprises.
Fort de ces informations, le chef de la diplomatie française a été ferme dans son attitude, mettant le gouvernement en face de sa passivité et précisant qu’il n’y aura pas d’aide internationale sans réformes.
Depuis le début de la crise, Jean-Yves Le Drian est le premier dignitaire étranger d’importance à avoir visité le pays en personne. Il a été accueilli par son homologue libanais Nassif Hitti, ainsi que par le président Michel Aoun et le chef du Parlement Nabih Berri.
Lors d’une conférence de presse le 23 juillet, Jean-Yves Le Drian a réaffirmé qu’ ” il est aujourd’hui nécessaire de s’engager de manière concrète dans la voie des réformes ” et que ” Des actes concrets sont attendus depuis trop longtemps “.
Alors que le pays a entamé des négociations avec le FMI depuis mi-mai pour obtenir une aide de 10 milliards de dollars, Jean-Yves Le Drian a bien précisé que les aides seraient dépendantes de la mise en place des réformes économiques nécessaires et a prévenu qu’ « …il n’y a pas d’alternatives à un programme du FMI pour permettre au Liban de sortir de la crise. »
Au final, la visite semble être en accord avec la politique de la France.
D’une part se poser comme médiateur et champion d’un processus de réformes pour un pays avec qui la France a une longue histoire commune. D’autre part regagner une influence positive auprès de la population d’un pays en crise et des observateurs de la zone en favorisant le remplacement d’un système corrompu par des structures démocratiques idéalement en abaissant l’influence du Hezbollah, principale force politique du pays.
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