A l’heure de l’arrivée d’une nouvelle administration Trump aux États-Unis, plusieurs acteurs de l’industrie se questionnent sur l’avenir du marché pétrolier. Des questionnements essentiellement liés au rôle que jouera le prochain exécutif américain dans la stabilisation ou non de l’offre.
Les résultats des élections américaines avec le retour de Donald Trump pourraient avoir un effet indirect, mais significatif sur l’OPEP+, sans toutefois en bouleverser la stratégie fondamentale. Bien que l’issue de l’élection puisse redéfinir les relations entre les États-Unis et certains membres de l’OPEP, les décisions de l’OPEP+ semblent de plus en plus déterminées par des impératifs internes, notamment la régulation des niveaux de stocks mondiaux et le soutien aux prix dans un contexte de demande mondiale fragile.
Alors que le 4 novembre, huit pays de l’OPEP+ ont décidé de prolonger d’un mois leurs réductions de production de 2,2 millions de barils par jour, il apparaît que le cartel s’oriente vers une stratégie de prudence face aux incertitudes économiques existantes. Cette mesure a été prise à la suite de la baisse récente des cours du Brent, descendu à environ 70 dollars, malgré une légère remontée après l’annonce de l’OPEP+. Ce contexte démontre que, même avec une politique de réduction des quotas, le marché reste volatil, particulièrement sous l’effet des fluctuations de la demande en Chine. Les perspectives d’une éventuelle administration américaine plus favorable aux énergies fossiles pourraient, si elle encourage une augmentation des forages et exportations, conduire à une nouvelle surabondance de l’offre mondiale, forçant l’OPEP+ à maintenir, voire durcir ses réductions pour éviter un effondrement des prix.
Rappelons que le candidat républicain, Donald Trump, s’est toujours montré favorable à une augmentation soutenue de l’offre américaine, notamment celle du pétrole de schiste. C’est d’ailleurs sous son administration que le pétrole non conventionnel a connu l’une des plus importantes percées de son histoire. En septembre dernier, il a d’ailleurs réitéré sa promesse de renforcer le secteur, en cas de réélection. Dans le même sens, une administration américaine privilégiant les énergies renouvelables aurait l’effet inverse, réduisant la part américaine dans l’offre mondiale et renforçant mécaniquement la position de l’OPEP+ sur le marché. Toutefois, les prévisions de la Banque mondiale, publiées dans le « Commodity Markets Outlook 2024 », annoncent un risque de baisse historique des prix pétroliers d’ici 2025, consécutivement à un excédent global qui pourrait amoindrir les effets des décisions stratégiques de l’OPEP+ ainsi que des incertitudes géopolitiques.
Ce rapport place donc le cartel face à un dilemme : augmenter la production pour maintenir ses parts de marché ou prolonger les réductions pour soutenir les prix, malgré un risque de perte de compétitivité si d’autres producteurs augmentent leur offre. La décision de l’OPEP+, attendue lors de sa réunion en décembre, sera cruciale. Au vu des incertitudes actuelles et des défis géopolitiques comme le conflit Israël-Iran, le cartel pourrait opter pour une politique attentiste, reportant ses décisions d’augmentation de production jusqu’à ce que la situation économique et politique mondiale se clarifie davantage. L’influence des États-Unis sera indéniable, mais sans doute plus modérée, l’OPEP+ semblant fermement décidée à s’en tenir à une stratégie de stabilisation à moyen terme.
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