Six mois après la chute du régime baasiste, et alors qu’une partie des sanctions internationales ont été levées fin mai 2025, les enjeux liés à la réouverture de la Syrie sont de taille. Si la situation politique et sécuritaire devait s’y stabiliser durablement, la Jordanie pourrait se saisir de l’opportunité d’un redémarrage économique et se positionner dans la reconstruction du pays.
La Syrie représente un nouvel horizon commercial.
Alors que le commerce bilatéral Jordanie-Syrie avait dépassé 600 M USD en 2010, il ne culminait, au lendemain de treize ans de guerre, qu’à 146 M USD. Les échanges ont repris progressivement depuis décembre 2024 et, au cours du T1 2025, les exportations jordaniennes vers la Syrie (ciment, fruits, légumes, matériel industriel, etc.) ont augmenté de +453% en valeur en glissement annuel (g.a.) pour atteindre 101 M USD.
Bien qu’elles ne représentent que 2,6 % des exportations nationales jordaniennes à ce jour, la hausse enregistrée témoigne du potentiel important pour le Royaume de l’export vers la Syrie.
La Jordanie se positionne sur le marché de la reconstruction.
Au printemps 2025, la Jordanie et le Qatar se sont alliés pour livrer quotidiennement, et pendant 50 jours, 2 millions de mètres cubes de gaz naturel à la Syrie via le gazoduc arabe traversant le Royaume. L’initiative a pris fin le 30 avril mais devrait être relancée prochainement selon l’opérateur public d’électricité jordanien NEPCO.
Début 2025, le Royaume avait également proposé à la Syrie de lui fournir 250 MW d’électricité mais l’opération n’avait pas abouti en raison de l’état de destruction des infrastructures électriques syriennes. La récente mobilisation financière de la Banque Mondiale (146 M USD) pour remettre le réseau en état de marche, pourrait permettre, d’ici un an, l’acheminement d’électricité vers la Syrie, ce qui constituerait une opportunité non négligeable pour NEPCO.
La coopération est renforcée dans plusieurs secteurs.
Les autorités des deux pays se sont mises d’accord pour faciliter les échanges bilatéraux et créer des conseils sectoriels conjoints pour les filières textile, chimique, agroalimentaire et de construction. En outre, le nouveau gouvernement syrien a affiché sa volonté d’une coopération renforcée pour une gestion plus équitable et durable de la ressource en eau.
La question des réfugiés demeure sensible.
Le HCR estimait, fin juin 2025, que 100 000 des 600 000 réfugiés syriens enregistrés en Jordanie auraient regagné la Syrie. Les principaux freins au départ identifiés demeurent (i) la situation sécuritaire incertaine, (ii) le coût élevé du voyage, et (iii) les dettes contractées en Jordanie.
La baisse déjà observée de l’aide internationale, dont bénéficie jusqu’ici la Jordanie pour l’accueil des réfugiés, pourrait, dans un contexte de resserrement budgétaire, avoir des conséquences négatives tant sur les réfugiés qui resteront que sur les communautés jordaniennes d’accueil.
Source Ambassade de France en Jordanie
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