La livre syrienne (SYP) s'est continuellement dépréciée par rapport au dollar : le taux de change officiel a été divisé par 270 entre 2011 et 2023, atteignant 12 562 SYP pour 1 USD (14 122 sur le marché). Cette dépréciation a alimenté une inflation élevée (+115% en 2023 selon le PAM).
La livre syrienne (SYP) s’est continuellement dépréciée par rapport au dollar : le taux de change officiel a été divisé par 270 entre 2011 et 2023, atteignant 12 562 SYP pour 1 USD (14 122 sur le marché). Cette dépréciation a alimenté une inflation élevée (+115% en 2023 selon le PAM).
L’économie syrienne est largement tombée dans l’informalité et repose désormais sur des flux illicites, en particulier issus de la vente de captagon.
L’État syrien est à bout de souffle et sans ressources.
Les recettes budgétaires ont connu une contraction de 85% depuis 2010. Les revenus liés au pétrole et aux ressources minières sont passés de 26% à 16% du total, la plupart des champs pétroliers étant hors de contrôle du régime depuis plusieurs années.
Les dépenses publiques se sont en parallèle contractées de 87% et les dépenses courantes représentent la majorité du budget. En 2023, les subventions ont été fortement réduites, rapprochant les prix de l’essence et du diesel de leurs prix de marché respectifs.
Entre 2011 et 2023, le déficit budgétaire de la Syrie a en moyenne atteint environ 11% du PIB. Ces besoins de financement ont été difficiles à combler, malgré des émissions d’obligations du Trésor depuis 2020.
Une reconstruction des infrastructures est indispensable pour relancer l’économie syrienne.
Le principal frein à la relance de l’économie est l’effondrement du secteur de l’électricité. La Syrie avait fondé son modèle énergétique sur les hydrocarbures, dont la production domestique s’est effondrée (de 385 000 à 80 000 barils de brut par jour).
Une partie des infrastructures électriques (centrales, lignes de transmission) ont par ailleurs été fortement endommagées. Les autorités de transition ont annoncé un objectif de fourniture, d’ici deux mois, de 8 heures d’électricité par jour, alors que la production actuelle ne permet de fournir que quelques heures d’électricité par jour.
La destruction des infrastructures hydriques a conduit à une crise de l’eau quasi-permanente, pénalisant le secteur agricole et affaiblissant le capital humain. À la suite des conflits, la moitié des infrastructures d’eau sont aujourd’hui inopérantes. Les deux-tiers des stations d’épuration ont été détruites et près de 70% des eaux usées ne sont pas traitées. Les infrastructures de transports (aéroports, ports, routes, rails) ont fait l’objet de ciblages pendant le conflit et devront également être reconstruites pour soutenir l’effort de reconstruction.
L’enjeu du financement de la reconstruction sera central et requiert des garanties sécuritaires et juridiques, notamment en matière de régimes de sanctions.
La Syrie sort financièrement exsangue du conflit et ne pourra pas engager de fonds pour sa reconstruction, alors même que sa stabilisation économique nécessitera déjà un effort financier important. Alors que les besoins de reconstruction sont massifs, l’effort de financement devra provenir essentiellement de l’extérieur (pays donateurs, banques multilatérales de développement).
Mais la mise en œuvre d’un tel soutien nécessitera au préalable des garanties sécuritaires et juridiques pour les bailleurs et les entreprises étrangères (aménagement du régime de sanctions américaines et européennes, modalités de financement au regard des règles LCB-FT).”
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