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#Economie #Inde #International #Relations #EGYPTE
Denys Bédarride
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Mercredi 26 Novembre 2025 à 02:42

Les échanges commerciaux entre l’Égypte et l’Inde sont denses, l’Inde étant le 12ème partenaire commercial de l’Égypte en 2023/24, mais en perte de vitesse depuis 2022. Les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint en moyenne 3,5 Mds USD par an entre 2019/20 et 2023/24, et s’élèvent à 2,5 Mds USD en 2023/24, contre 7,2 Mds USD pour les échanges sino-égyptiens. Les importations égyptiennes en provenance d’Inde atteignent 2,3 Mds USD par an en moyenne sur la période (soit 3,1% des importations égyptiennes totales), positionnant l’Inde comme le 12ème fournisseur de l’Égypte, tandis que les exportations égyptiennes vers l’Inde se sont élevées à 1,2 Md USD par an en moyenne (soit 3,1% des exportations totales) sur la période, plaçant l’Inde au 9ème rang des clients mondiaux de l’Égypte.

Le solde commercial bilatéral, de -1,5 Md USD en 2023/24, est structurellement déficitaire pour l’Égypte, inférieur à celui de 2023 (-1,8 Md USD), mais très nettement supérieur à celui de 2021 (-420 M USD). Les échanges commerciaux bilatéraux ont été divisés par deux depuis 2022 en raison de leur large dépendance aux exportations égyptiennes d’hydrocarbures (53,4% des exportations égyptiennes totales vers l’Inde en moyenne entre 2019/20 et 2023/24), en baisse depuis 2022 et stoppées depuis 2024, après des années de constante augmentation entre 2017 et 2022.

L’adhésion de l’Égypte aux BRICS+ en janvier 2024 devrait contribuer au renforcement des relations politiques bilatérales indo-égyptiennes sans modifier substantiellement la dynamique commerciale bilatérale. Les relations économiques bilatérales sont anciennes, encadrées par l’accord de 1978, et les visites officielles au plus haut niveau organisées en 2023 ont porté les relations au niveau de partenariat stratégique. Depuis 2016, plusieurs groupes de travail bilatéraux permettent également à l’Inde et l’Égypte de maintenir un dialogue régulier dans des domaines variés. 

L’appartenance des deux pays au cercle des BRICS+ pourrait également permettre à l’Égypte de renforcer ses liens politiques avec l’Inde sans pour autant reconfigurer significativement le profil des échanges commerciaux bilatéraux. Cela étant, l’Inde constitue l’alternative la plus crédible à la Chine dans la stratégie de diversification des fournisseurs de l’Égypte.

La proximité historique entre les deux pays ne saurait occulter la concurrence croissante entre l’Inde et l’Égypte, cette dernière se positionnant de plus en plus sur des segments traditionnellement indiens comme l’industrie textile, les centres d’appels multilingues, d’innovation, de services financiers et d’ingénierie. Ainsi, la stratégie égyptienne en matière d’offshoring sur le numérique est le témoin d’une volonté de se positionner comme hub régional d’externalisation pour le monde arabe et l’Afrique du Nord à travers des mesures incitatives différenciées. 

Si l’Inde est davantage reconnue pour son expertise en matière de technologies de l’information et de la communication par exemple (sur le volet R&D notamment), l’Égypte dispose d’atouts comparables en main-d’œuvre qualifiée, tout en offrant un coût plus compétitif et une proximité géographique avec l’Europe. Dans une moindre mesure, les industries textiles et manufacturières égyptiennes se développent, sans pour autant concurrencer l’Inde à l’échelle globale.

Les investissements indiens en Égypte sont significatifs, portés par l’industrie lourde et orientés vers la zone économique du canal de Suez. L’Inde compte parmi les principaux investisseurs étrangers en Égypte, avec un stock d’IDE estimé entre 3,5 et 4 Mds USD. Environ 500 entreprises indiennes y sont implantées, dont une cinquantaine actives dans la chimie, la pétrochimie, les matériaux de construction, l’automobile et la pharmacie. 

L’investissement majeur reste celui de TCI Sanmar à Port-Saïd (plus de 2 Mds USD investis dans un complexe pétrochimique, auxquels s’ajouteront 300 M USD destinés à une station de réception d’éthylène et à l’extension des capacités de production). Les entreprises indiennes demeurent toutefois en retrait dans les grands projets financés par les bailleurs en Égypte. Leur présence est souvent en sous-traitance ou en fourniture technique, en l’absence de nouveaux contrats significatifs dans les secteurs structurants (transport, eau et énergies renouvelables).

Source Ambassade de France au Caire 

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