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Agence Ecofin
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Mardi 2 Décembre 2025 à 07:23

Plus d'une année déjà, depuis le protocole d'accord signé en marge de la visite au Maroc du président français Emmanuel Macron, il n'y a toujours pas de mise à jour au public sur un début concret des travaux. L'entente finale serait au cœur d'importantes discussions entre parties prenantes

Le 29 octobre 2025 marquait la date d’anniversaire de l’accord de principe conclu entre Veolia et le Maroc, pour la conception et l’exploitation de la future plus grande usine de dessalement d’eau de mer en Afrique (la deuxième au monde). Cet accord stratégique avait été obtenu par le groupe français lors de la visite d’État du président Emmanuel Macron.

Près d’un an déjà depuis ce protocole d’accord, le niveau d’information du public laisse penser que le projet demeure « en phase de maturation ». L’entreprise, qui cite l’initiative parmi les piliers majeurs de sa stratégie, visant « à doubler sa capacité mondiale d’usines de dessalement d’ici 2030 », n’a pour le moment pas communiqué au public les avancées du projet.

Le lancement effectif de la construction était initialement prévu pour fin 2025, avec une mise en service prévue en 2028-2029. Finalement, tout semble dépendre de la capacité à avancer rapidement sur des points clés propres à ces types d’initiatives. Dès novembre 2024, des médias spécialisés comme La Lettre de l’Expansion avaient indiqué que la question de la tarification serait au cœur d’intenses négociations.

Veolia, pour sa part, promet une infrastructure innovante et moderne, reposant sur son procédé d’osmose inverse à basse pression (RO), avec une efficacité énergétique de 3 à 4 kWh/m³ et une intégration d’énergies renouvelables (solaire et éolienne) pour réduire les émissions de CO₂ par rapport aux normes. Il peut être attendu que cette technologie, du leader mondial du dessalement qui revendique « 18 % de la capacité globale », comporte un coût substantiel tout au long de la durée du projet.

Le Royaume chérifien, qui doit apporter une réponse efficace à une crise hydrique structurelle, s’attellera toutefois à obtenir le meilleur prix possible pour préserver le pouvoir d’achat de ses populations, tout en accordant d’importants gages en matière de transferts de technologie, notamment des formations locales et l’intégration de compétences marocaines, afin d’assurer une souveraineté hydrique à long terme.

Un autre aspect crucial de ce projet sera donc de trouver les meilleurs sous-traitants pour certains travaux de construction d’infrastructures physiques, tant sur terre qu’en mer. Des informations non officiellement confirmées, rapportées par Africa Intelligence en octobre 2025, évoquent un possible partenariat avec le chinois Sepco III (spécialiste des équipements industriels) et le Marocain Somagec (leader du génie civil local). Ces consultations, qui seraient en cours depuis l’été 2025, sont conformes à la logique de Veolia, visant à mutualiser les expertises : Sepco pour les turbines et les membranes, et Somagec pour les ouvrages maritimes et/ou terrestres.

Un projet stratégique pour Veolia et son partenaire le Royaume du Maroc

Au-delà des discussions, ce projet incarne une réponse stratégique à la pénurie hydrique du Maroc, exacerbée par le changement climatique et par une demande en hausse de 20 milliards de m³ d’ici 2030. Aligné sur le Plan National de l’Eau 2020-2050, il portera la production nationale de dessalement à plus de 1 million de m³/jour, diversifiant les sources au-delà des barrages (actuellement 200 000 m³/jour via 13 usines). 

Pour Rabat, c’est un atout de résilience : l’eau acheminée via les « autoroutes de l’eau » soutiendra l’agriculture (20 % du PIB) et les villes.

Lors de la signature du protocole d’accord en 2024, Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia, avait promis : « Nous mettrons le meilleur de notre expertise internationale et de notre présence de longue date dans la région au service du Royaume pour un projet de référence en termes de performance et de durabilité. »

Veolia est déjà reconnue dans le dessalement mondial : à Dubaï, aux Émirats arabes unis, l’entreprise a construit l’usine de dessalement de Qifda, capable de produire 590 000 m³ d’eau dessalée par jour, avec une technologie originale « pour répondre aux besoins en eau douce de la population et contribuer au développement de la région ».

Avec plus de 2 300 sites dans 108 pays, le groupe a les moyens de se positionner sur le secteur des « eaux vertes » dans une Afrique où de nombreux pays et régions, ayant des façades maritimes importantes, souffrent d’un faible accès à l’eau potable pour leurs populations, en raison des effets liés aux changements climatiques, qui accentuent les pressions sur les bassins hydrographiques.

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