Screenshot
#Agriculture #Ecologie #Economie #Environnement #ALGERIE
journaliste
mercredi 9 avril 2025 Dernière mise à jour le Mercredi 9 Avril 2025 à 07:47

Un vaste projet de réhabilitation des forêts de chêne-liège, doté d'un budget de 27 millions de dollars sur cinq ans, pourrait redonner vie à une filière autrefois florissante mais gravement endommagée par 132 ans d'exploitation coloniale intensive. Porté par la Direction générale des forêts (DGF) en partenariat avec la FAO, ce programme vise à concilier renaissance économique et préservation environnementale.  

Un patrimoine forestier aux stigmates persistants

Avec 440 000 hectares dont seulement 150 000 encore productifs, l’Algérie paie aujourd’hui le prix d’une histoire douloureuse. Durant la période coloniale, les forêts de chêne-liège ont subi une exploitation effrénée, avec des rendements forcés jusqu’à 10 kg par arbre contre 5,5 kg normalement. Les archives révèlent qu’en 1937, la production avait atteint un pic historique de 553 919 quintaux avant de s’effondrer, victime de cette gestion prédatrice.  

Un plan de relance aux multiples facettes  

Les deux premières phases du projet, consacrées au diagnostic et au recensement de la biodiversité, viennent de s’achever. Elles révèlent un potentiel certain mais fragile. L’initiative prévoit la création de 60 PME spécialisées dans les produits forestiers non ligneux et les plantes aromatiques, dont 30% seront dirigées par des femmes. La réhabilitation des infrastructures forestières et la modernisation des pépinières complètent ce dispositif ambitieux.  

Entre espoirs et réalités économiques  

Si le marché mondial du liège représente aujourd’hui 2,3 milliards de dollars, l’Algérie devra composer avec une concurrence féroce, notamment du Portugal qui domine 50% de la production mondiale. Le projet mise sur la diversification vers les plantes aromatiques médicinales, dont la demande européenne croît de 8% annuellement.  

Cependant, plusieurs défis persistent. Le budget annuel de 5,4 millions de dollars paraît modeste au regard des besoins. La durabilité du projet après 2027, date de fin des financements internationaux, interroge. Enfin, la réussite dépendra de la capacité à impliquer véritablement les populations locales et à établir des circuits de commercialisation efficaces.  

Un symbole de renaissance économique ? 

Au-delà des retombées économiques directes – quelques centaines d’emplois créés – ce projet pourrait servir de modèle pour d’autres filières naturelles algériennes. Sa réussite passerait par la création d’un label de qualité, un accès facilité aux financements pour les PME et une véritable politique de valorisation des produits.  

Comme le souligne un expert de la DGF : “Nous ne retrouverons pas la production d’antan, mais nous pouvons bâtir une économie forestière durable, à condition d’apprendre des erreurs du passé.” Un défi de taille pour une ressource qui fut jadis l’un des fleurons de l’économie algérienne.  

Le saviez-vous ?

Il faut 25 ans à un chêne-liège pour produire son premier liège exploitable. Au début du XXe siècle, l’Algérie était le deuxième producteur mondial, derrière le Portugal.

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *