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#Conflit #Economie #Guerre #IRAN #ISRAEL
Denys Bédarride
lundi 23 juin 2025 Dernière mise à jour le Lundi 23 Juin 2025 à 09:41

Les conséquences économiques de la guerre entre Israël et l’Iran sont incertaines et dépendront de l’intensité et de la durée des opérations militaires. En première analyse, l’impact sur les économies du Proche-Orient apparaît hétérogène. Trois pays sont directement concernés : l’Iran, Israël et les Territoires palestiniens (TP). Les autres économies (Égypte, Jordanie, Irak, Liban, Syrie), qui sont à des degrés divers fragiles et déjà perturbées depuis le 7 octobre 2023, pourraient être indirectement affectées.

Les infrastructures économiques vitales sont ciblées tant en Iran qu’en Israël. 

Au plan énergétique, l’une des principales raffineries de l’Iran a été touchée, ainsi que des dépôts de carburants. Une explosion a atteint le complexe d’Asalouyeh (centre de traitement du champ gazier de South Pars) dans la région de Bushehr, ainsi que la phase 14 de South Pars, entrainant une suspension partielle de la production (- 12 M m³/j de gaz, destiné au marché domestique). 

En Israël, le groupe Bazan a fermé les installations de sa raffinerie de pétrole dans la baie de Haïfa après un impact direct de missile qui a endommagé sa centrale électrique. Par ailleurs, l’opération des champs gaziers de Leviathan (dont la production est exportée à 89%) et de Karish (destinée au marché domestique) a été suspendue. Le transport aérien est aussi fortement perturbé. En Israël, l’aéroport Ben Gourion a été fermé et des vols El Al ont été annulés. 

En Iran, des infrastructures aéroportuaires ont été ciblées, notamment à Mehrabad et à Mashhad. 

L’impact macroéconomique dans les trois pays pourrait être significatif. 

La guerre perturbe fortement l’activité et les déplacements des travailleurs. En Israël, la mobilisation extensive des réservistes et les perturbations des chaînes d’approvisionnement alimentent les pressions inflationnistes. Au plan budgétaire, Israël pourrait être contraint d’adopter une loi de finances rectificative. En Iran, le manque à gagner de l’arrêt des exportations de pétrole brut représente environ 80 M$/jour. Dans les TP, le contexte de guerre accentue des difficultés socioéconomiques déjà exacerbées.

Les autres économies de la région devraient être indirectement impactées, en particulier au plan énergétique. 

Tandis que la hausse des prix du pétrole pourrait provoquer des pressions inflationnistes, l’approvisionnement énergétique de la Jordanie et de l’Égypte est dépendant d’Israël et donc menacé suite à la suspension des exportations israéliennes de gaz. Tandis qu’il pourrait s’accompagner en Égypte de pénuries d’électricité pendant la période estivale, la Jordanie (où 80% de l’électricité est produite à partir du gaz israélien) craint un « shutdown ». 

Par ailleurs, l’économie irakienne est très dépendante de l’Iran, dans la mesure où 20% à 30% de son électricité serait produite à partir de gaz iranien, ce qui fait craindre des pénuries d’électricité.

Le conflit pourrait en outre aggraver les fragilités macroéconomiques de l’Égypte et de la Jordanie. 

Le secteur touristique est déjà fortement affecté en Égypte, en Jordanie (où il représente 15% du PIB) et au Liban (où ses recettes équivalent à 17% du PIB). En Jordanie, la consommation est atone depuis octobre 2023 et le déficit courant (-5,9 % en 2024) risque de se détériorer. En Égypte, les pressions sur la livre se sont renforcées du fait de sorties de capitaux étrangers, et l’inflation pourrait être alimentée par le renchérissement des prix du pétrole et gaz. 

En outre, les rentes traditionnelles de l’Égypte pourraient être davantage fragilisées (transferts de la diaspora, revenus touristiques, recettes du canal de Suez). Une dépréciation significative de la livre et une hausse du prix du pétrole accentueraient les pressions budgétaires. 

Or, une hausse de l’endettement public pèserait sur le service de la dette qui atteint déjà des niveaux préoccupants (45% des dépenses et 80% des recettes).

Source Ambassade de France au Liban 

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