Au Maroc, les coopératives féminines de couscous incarnent une véritable révolution socio-économique, transformant des savoir-faire ancestraux en moteur d’autonomisation et de développement local. Portées par des milliers de femmes rurales, ces structures réinventent la production artisanale du couscous, en la dotant d’une dimension industrielle et commerciale sans sacrifier la qualité ni la tradition.
Un savoir-faire ancestral, une dynamique moderne
Le couscous, plat emblématique du Maghreb, est traditionnellement préparé à la main dans les foyers. Depuis une quinzaine d’années, des coopératives féminines ont vu le jour partout au Maroc, spécialisées dans la production et la commercialisation de couscous artisanal sous différentes variétés : à base de blé, d’orge, de maïs ou encore de caroube et de fève. Ces coopératives, souvent composées de femmes qui étaient auparavant sans revenus, leur permettent aujourd’hui de devenir autonomes financièrement et de subvenir aux besoins de leurs familles.
Industrialisation douce et valorisation du terroir
L’industrialisation de la production de couscous par ces coopératives se distingue par une approche respectueuse des traditions. Les femmes travaillent ensemble, mutualisent leurs compétences et bénéficient de formations pour améliorer la qualité, l’hygiène et la présentation des produits. Grâce à des équipements simples mais efficaces, elles parviennent à augmenter la production tout en conservant le caractère artisanal du couscous.
La coopérative Oum Er-Rbia à Safi, par exemple, a su transformer une activité d’élevage caprin en une entreprise de fabrication de couscous variés, répondant aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante sur la qualité et la diversité des céréales. À Dakhla, une coopérative féminine de sept membres produit le couscous « Khoumassi » à base de cinq céréales, et parvient à conquérir de nouveaux marchés.
Un impact économique et social majeur
Les coopératives féminines de couscous jouent un rôle clé dans l’autonomisation des femmes rurales et la lutte contre la pauvreté. Elles offrent non seulement un revenu stable à leurs membres, mais aussi une reconnaissance sociale et une meilleure insertion dans la vie économique locale. Selon les chiffres officiels, le Maroc compte aujourd’hui plus de 3 000 coopératives féminines, impliquant près de 150 000 femmes, dont beaucoup sont actives dans la production agroalimentaire et le couscous.
Ces coopératives bénéficient d’un accompagnement institutionnel, notamment à travers des programmes comme MountainHer ou Lalla Al Moutaâouina, qui visent à renforcer leurs compétences entrepreneuriales, à améliorer l’accès aux financements et à faciliter la commercialisation de leurs produits.
Un modèle d’avenir
En industrialisant la production artisanale du couscous, les coopératives féminines marocaines démontrent qu’il est possible de concilier tradition et modernité, qualité et volume, autonomie et solidarité. Elles ouvrent la voie à un développement rural inclusif et durable, tout en valorisant le terroir marocain sur la scène nationale et internationale.





















Réagissez à cet article