Développer l'économie du Liban, qui fait face à des défis structurels, politiques et financiers majeurs, nécessite une approche multidimensionnelle. Quelles sont les principales stratégies possibles, basées sur une analyse des dynamismes économiques et des réalités du pays ?
Permettre la stabilisation macroéconomique :
Réformer le système bancaire :
La crise bancaire de 2019 a paralysé l’économie. Une restructuration des banques, avec un audit transparent et une recapitalisation, est essentielle pour restaurer la confiance et relancer le crédit.
Stabiliser la monnaie :
La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur depuis 2019. Adopter une politique monétaire crédible, potentiellement via un ancrage temporaire à une monnaie étrangère ou un régime de currency board, pourrait freiner l’hyperinflation.
Réduire la dette publique :
Un plan de restructuration de la dette, en négociant avec les créanciers internationaux et en obtenant un soutien du FMI, est crucial pour alléger le fardeau budgétaire.
Les réformes institutionnelles et la lutte contre la corruption sont indispensables :
Renforcer la gouvernance :
La corruption endémique freine les investissements. Mettre en place des institutions transparentes, un système judiciaire indépendant et des mécanismes anti-corruption rigoureux est prioritaire.
Réformer le secteur public :
Réduire la bureaucratie, moderniser l’administration et privatiser certaines entreprises publiques inefficaces (comme Électricité du Liban) permettraient d’améliorer la prestation de services et de réduire les déficits.
Il faut aussi relancer les secteurs productifs :
Tourisme :
Le Liban a un fort potentiel touristique (patrimoine culturel, gastronomie, paysages). Investir dans les infrastructures touristiques et promouvoir une image positive à l’international peuvent relancer ce secteur clé.
Agriculture et agro-industrie :
Soutenir les agriculteurs locaux, moderniser les techniques et encourager les exportations (notamment vers les pays du Golfe) pourraient créer des emplois et générer des devises.
Technologie et innovation :
Le Liban dispose d’une main-d’œuvre qualifiée. Développer des hubs technologiques, encourager les startups et attirer des investissements dans le numérique (comme à Beyrouth Digital District) peut diversifier l’économie.
Développer les investissements dans les infrastructures :
Énergie : Résoudre la crise énergétique chronique en investissant dans des sources renouvelables (solaire, éolien) et en réformant le secteur électrique pour assurer une fourniture stable.
Transport et logistique : Moderniser le port de Beyrouth (reconstruit après l’explosion de 2020) et améliorer les infrastructures routières pour renforcer le commerce régional.
Soutien aux PME et à l’entrepreneuriat :
Les petites et moyennes entreprises représentent une part importante de l’économie libanaise. Faciliter l’accès au financement, réduire les barrières administratives et offrir des incitations fiscales encourageraient leur croissance.
Créer des zones économiques spéciales avec des avantages fiscaux pour attirer les investisseurs étrangers.
Le renforcement du capital humain sera nécessaire
Éducation et formation : Investir dans l’éducation et la formation professionnelle pour aligner les compétences de la main-d’œuvre sur les besoins du marché.
Retenir les talents : La fuite des cerveaux est un problème majeur. Des incitations (emplois de qualité, stabilité) sont nécessaires pour retenir les jeunes diplômés.
Encourager la coopération internationale et de la diaspora :
Aide internationale : Un accord avec le FMI, conditionné à des réformes, pourrait fournir un soutien financier et un cadre pour la reprise.
Mobiliser la diaspora : La diaspora libanaise, estimée à plus de 10 millions de personnes, peut jouer un rôle clé via les investissements, les transferts de fonds (déjà 38 % du PIB en 2023) et le transfert de savoir-faire.
La diversification économique :
Réduire la dépendance aux importations en développant des industries locales (textile, agroalimentaire).
Explorer le potentiel des ressources offshore (gaz naturel) avec une gestion transparente pour éviter la corruption.
Les défis majeurs à relever :
Instabilité politique : Sans consensus politique et une gouvernance stable, les réformes risquent de stagner.
Conflits régionaux : Les tensions géopolitiques, notamment avec Israël et la situation en Syrie, affectent la sécurité et les investissements.
Crise sociale : Avec plus de 80 % de la population sous le seuil de pauvreté (2023), des programmes sociaux d’urgence sont nécessaires pour éviter une crise humanitaire.
Le développement économique du Liban repose donc sur la stabilisation financière, les réformes structurelles audacieuses, la mobilisation de la diaspora et la diversification des secteurs productifs. Cependant, la mise en œuvre dépendra d’une volonté politique forte et d’une coopération internationale.
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