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#Dette #Geopolitique #SYRIE
Agence Ecofin
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Vendredi 14 Novembre 2025 à 06:39

Malgré des décisions de levée, les sanctions internationales continuent de peser sur la Syrie.
L’Union européenne a levé l’ensemble des sanctions qui touchaient le pays, en février et en mai 2025, de manière toutefois réversible ; ne subsistent que les sanctions individuelles contre les membres du clan de l’ex-président B. al-Assad, ainsi que les interdictions de biens militaires, à double usage, ou « NRBC » (risques d’origine nucléaire, radiologique, biologique et chimique).

Le régime international de sanctions antiterroristes, sur le fondement des résolutions de l’ONU, reste en place. Sont concernés à titre individuel A. al-Charaa et A. Khattab, ainsi que de manière collective le groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTC).

Les sanctions américaines n’ont été, pour l’essentiel, levées que de manière provisoire ou conditionnelle. 

Les sanctions sectorielles ont été suspendues par décret présidentiel du 30 juin 2025, mais les États-Unis conservent la capacité juridique de sanctionner de nouveau le régime syrien, sans passer par le Congrès : les bases législatives, comme l’International Emergency Economic Powers Act ou le Caesar Syria Civilian Protection Act sont ainsi toujours en vigueur. 

Ce dernier texte, appelé couramment le « Caesar Act », a été suspendu le 23 mai 2025 pour une durée de six mois. Le Congrès a refusé en septembre de le supprimer définitivement, et le Bureau de contrôle des actifs étrangers (Office of Foreign Assets Control, OFAC), dépendant du Trésor américain, a renommé les règlements relatifs aux sanctions syriennes « Régime de sanctions promouvant la redevabilité d’Assad et la stabilisation régionale » (Promoting Accountability for Assad and Regional Stabilization Sanctions Regulations).

La venue d’Ahmad al-Charaa à New York lors de l’assemblée générale des Nations Unies, une première pour un dirigeant syrien depuis 1967, avait pour objectif d’obtenir de la part des Américains la suspension définitive des sanctions. 

Si le nouveau président a demandé dans son discours du 24 septembre « l’abrogation complète des sanctions », les rencontres de haut niveau que lui ou son ministre des affaires étrangères A. al-Chaibani ont conduites n’ont pas permis d’engranger les soutiens nécessaires, notamment américains, pour assurer leur suppression.

La persistance des sanctions et l’incertitude quant à leur levée définitive ont un effet négatif sur le climat des affaires en Syrie et renforcent les difficultés de l’État et du secteur financier. 

Pour le secteur financier, les sanctions ont limité l’accès aux marchés internationaux, en bloquant les transactions financières et les transferts de fonds. Elles ont renforcé les difficultés économiques liées au conflit, aux destructions et à l’exode de la main-d’œuvre. 

La chute du PIB qui en a résulté a été brutale, estimée par la Banque mondiale, qui utilise notamment la méthode d’approximation par lumière nocturne (Nighttime Light), à une contraction entre 50% et 80% pour les années 2010-2024. Il pourrait être de 20 Mds USD en 2024-2025, après un étiage à 6-10 Mds USD pendant le conflit. 

La situation actuelle d’incertitude pousse les banques internationales à poursuivre leur attitude de conformisme par crainte d’éventuelles pénalités américaines. En d’autres termes, la suspension des sanctions n’a pas encore permis de garantir l’accès des entreprises syriennes à des financements ou aux technologies financières modernes et services associés, pourtant vitaux pour assurer le dynamisme du secteur privé et la reprise de l’économie en Syrie.

Pour l’État syrien, la gestion de la dette publique, notamment extérieure, reste centrale. 

La dette publique syrienne s’élèverait à environ 27 Mds USD, soit 135% du PIB, dont 22,3 Mds USD serait extérieure (110% du PIB environ). Cette dernière, de 5 Mds USD en 2011 avant le conflit, est avant tout due aux engagements envers l’Iran (17 Mds USD d’arriérés d’après la Banque mondiale) et la Russie. 

Du fait des sanctions, tant les remboursements que l’obtention de prêts supplémentaires de la part des créditeurs traditionnels étaient impossibles. Leur suspension n’a pas permis au gouvernement syrien d’entamer le traitement de la dette publique ; dans cette optique, comme dans l’éventualité d’une nouvelle émission de dette, l’accès aux marchés financiers est crucial.

Source Ambassade de France au Liban 

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