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Denys Bédarride
samedi 3 décembre 2022 Dernière mise à jour le Samedi 3 Décembre 2022 à 09:20

Les interconnexions électriques au Proche-Orient se développent rapidement alors que la situation énergétique des pays est très hétérogène. L’interconnexion des pays du Golfe avec le Proche-Orient, en particulier pour sécuriser l’approvisionnement de l’Irak, catalyse les projets dans la région, tout comme l’interconnexion avec l’Europe.

L’approvisionnement en électricité de l’Irak est un enjeu majeur pour la région

L’Irak manque de gaz pour être autosuffisant en électricité et est très dépendant des importations de gaz et d’électricité d’Iran. Des irritants récurrents perturbent toutefois cette relation, qu’il s’agisse d’arriérés ou d’interruptions d’approvisionnement lors de pics de demande simultanés conduisant l’Iran à privilégier sa demande intérieure.

L’Irak cherche ainsi à relancer plusieurs projets régionaux : 

1) le projet d’interconnexion entre Cizre en Turquie et le barrage de Mossoul a été finalisé en juillet 2022 et permet théoriquement d’importer 500 MW.

2) l’Irak a signé un accord en 2020 pour s’interconnecter avec la Jordanie et permettre à l’Egypte de fournir indirectement 150 MW dès 2024.

3) l’interconnexion avec les pays du Golfe est en cours de déploiement. L’approvisionnement d’ici à 2024 (500 MW puis 1,8 GW) proviendrait avant tout d’Arabie saoudite, via le Koweït.

Par ailleurs, l’Irak a signé un accord de principe avec l’Arabie saoudite pour une interconnexion directe (1 GW, 435 km).

L’Egypte cherche à se positionner comme un hub régional d’électricité 

Bien que l’Egypte soit en excédent d’électricité (20 GW) et reliée aux réseaux libyen, jordanien et soudanais, moins de 0,2% de sa production est actuellement exportée. Inversement, l’Egypte souhaite assurer sa sécurité d’approvisionnement dans un contexte de pression démographique et d’épuisement de ses champs gaziers. 

Sa stratégie comprend 3 volets : 

1) l’interconnexion avec l’Europe : l’Egypte, le grèce et Chypre ont signé en octobre 2021 un accord sur le raccordement de leurs réseaux (3 GW)

2) l’interconnexion avec l’Arabie saoudite dont le pic énergétique a une saisonnalité différente: la première phase (1,5 GW) devrait être terminée d’ici fin 2024 et la seconde (3 GW) d’ici début 2026

3) l’extension des capacités de transmission vers le Soudan, la Libye et la Jordanie

La Jordanie aspire également à devenir un hub régional d’électricité 

La Jordanie est connectée à : 

– l’Egypte (volumes marginaux) 

– la Syrie (transmission inactive depuis 2011) 

– Israël (échanges ponctuels) 

– la Palestine : les capacités de production excédentaire conduisent la Jordanie à rechercher des débouchés pour contribuer au rééquilibrage financier la National Electric Power Company NEPCO.

Outre le projet d’interconnexion avec l’Irak, 3 projets sont en cours : 

1) un protocole d’accord tripartite ( Israël,Jordanie,EAU ) signé en novembre 2021 prévoit l’exportation de 600 MW d’électricité solaire jordanienne, avec un investissement de l’entreprise émirienne Masdar, en échange de l’approvisionnement par Israël de 200 M m3 d’eau désalinisée

2) une connexion à l’Arabie saoudite (500 MW puis 1 GW) est prévue d’ici mi-2025

3) un projet d’interconnexion au Liban via la Syrie (250 MW) a été lancé e 2021 avec le financement de la Banque mondiale mais semble aujourd’hui au point mort.

Enfin, une interconnexion est envisagée entre Israël, Chypre et la Grèce , ce qui permettrait à Israël d’exporter vers l’Europe de l’électricité avec son gaz 

Source : Ambassade de France au Liban

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