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#Agriculture #Cereales #TUNISIE
Agence Ecofin
lundi 10 juillet 2023 Dernière mise à jour le Lundi 10 Juillet 2023 à 18:04

Tunisie est touchée de plein fouet par le changement climatique, avec une succession d’épisodes de sécheresse depuis 4 ans responsables d’une insécurité hydrique croissante. Le déficit pluviométrique et la hausse des températures sont responsables d’une récolte agricole 2023 historiquement basse aggravant la dépendance aux importations de céréales.

Alors que l’essentiel des surfaces mises en culture sont consacrées au blé dur et dépendent de la pluie, le manque de pluies des quatre premiers mois de l’année associé aux fortes chaleurs du mois d’avril a eu des conséquences désastreuses sur la production agricole. Le Ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche (MARHP) avait pourtant lancé à l’automne 2022 un plan ambitieux d’autosuffisance en blé dur pour renforcer sa souveraineté alimentaire.

L’objectif visé était de produire 1,5 à 1,7 Mt alors qu’en moyenne, sur les 3 années précédentes, la production récoltée était de 1 Mt (50% de la consommation nationale). Pour y parvenir, des mesures incitatives avaient été mises en place avec, en particulier, l’augmentation de 40% du prix d’achat du blé collecté par l’Office des céréales (passant de 1000 TND/t à 1400 TND/t). 

Appuyé par les bailleurs de fonds (BEI, BERD, BAD), le plan prévoyait aussi l’augmentation des capacités nationales de stockage au-delà des 800 kt actuelles (soit 2,5 mois de consommation), l’optimisation de la chaine logistique pour réduire les pertes et le gaspillage, et un accompagnement des agriculteurs (crédit de campagne). Ces mesures avaient permis un emblavement de 600 000 ha, proches des 800 000 ha souhaités, inversant la tendance à la réduction des surfaces semées observée depuis plusieurs années.

La sécheresse a mis ce plan en échec, la récolte escomptée étant au mieux de 250 000 t de blé dur, dont 170 000 t collectées, soit 4 fois moins que les 1,1 Mt produites et 740 000 t collectées en 2022. Il en résulte une dépendance totale aux importations de céréales jusqu’à la récolte 2024, avec un besoin supplémentaire à importer d’environ 600 000 t par rapport à 2022. 

Cette saison agricole défavorable affectera économiquement les 250 000 producteurs de céréales tunisiens, qui auront peu de récolte à vendre en 2023 à l’Office des Céréales et qui risquent de devoir s’endetter pour acheter des semences pour la prochaine campagne agricole. 

Les besoins d’importations de céréales sont désormais estimés à 3,4 Mt de céréales pour couvrir les besoins du pays en 2023. Les conséquences pour l’Office des céréales qui a le monopole d’importations de céréales sont importantes. Alors que l’Office est fortement endetté auprès de la Banque Nationale Agricole et peine à obtenir les subventions d’exploitation que la caisse de compensation doit lui verser, il va surement devoir recourir à de nouveaux financements extérieurs. 

L’épuisement des stocks stratégiques le contraint en effet depuis de longs mois, à importer les céréales en flux tendu et à dépendre des bailleurs de fonds internationaux pour boucler l’achat des céréales dont le pays a besoin pour sa sécurité alimentaire. L’engagement solidaire des bailleurs de fonds multilatéraux en 2022/23 sous forme de prêts ou de don a permis l’achat de 939 kt de céréales livrées de juillet 2022 à juin 2023. 

Source Ambassade de France en Tunisie

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