Tandis que la croissance a été revue à la baisse par le FMI (2,6% du PIB pour 2024 au lieu de 2,7%), le nouveau budget s’inscrit dans la continuité des précédentes lois de finances (LF). Sa structure reste globalement similaire avec des recettes domestiques peu diversifiées – composées à 70,4 % de recettes fiscales et à 22,6 % de recettes non fiscales – et une nette domination des dépenses courantes (86 %) sur les dépenses en capital (14 %).
Les recettes totales, en hausse de +12,7 % par rapport à l’exécution budgétaire 2023, devraient s’élever à 14,5 Mds USD en 2024, soit 27 % du PIB. Bien que pour la 4ème année consécutive, aucune hausse d’impôts n’est prévue en 2024, les recettes fiscales contribueront à hauteur de 92% à cette croissance, en particulier l’impôt sur les biens et services (46,3 % des recettes totales) dont les recettes devraient augmenter de +17,2 %. Le gouvernement entend en effet poursuivre sa stratégie d’élargissement de l’assiette fiscale en luttant contre la fraude et l’évasion plutôt que d’augmenter les taux. La part de l’aide budgétaire en dons dans les recettes diminue (7 % pour 2024, contre 7,8 % en 2023). Si le montant des dons prévu dans ce budget est en hausse de +1,4 % par rapport au montant perçu par la Jordanie l’année dernière, il a néanmoins été revu à la baisse (-10 %) par rapport aux prévisions de la LF 2023. Le gouvernement a en effet pris en compte dans ce budget une possible redirection de l’aide internationale vers l’Ukraine et la Palestine. Pour 2024, il anticipe des subventions à hauteur de 846,3 M USD de la part des Etats-Unis, de 64 M USD de l’Union européenne et de 65 M USD du fonds du Golfe pour le développement. Les dépenses publiques devraient, quant à elles, augmenter de +12,4 % par rapport à l’exécution budgétaire 2023 pour atteindre 17,45 Mds USD soit 32 % du PIB. Désormais deuxième poste de dépenses après la fonction publique (24%), les intérêts de la dette (2 Mds JOD soit 2,8 Mds USD) représentent 16 % du total des dépenses publiques. En dépit du contexte actuel, la part des dépenses militaires, de sécurité et de sûreté publique est en baisse, représentant respectivement 13 % et 12 % du total des dépenses (contre 14 % et 13 % dans la LF 2023). Malgré une augmentation de +25,4 % par rapport à l’exécution budgétaire 2023, les dépenses en capital restent comparativement faibles (2,44 Mds USD) et seront consacrées, en quasi-totalité (96 %), à des projets en cours. La loi de finances 2024 prévoit ainsi un creusement du déficit, hors dons, qui passerait de -7,1 % du PIB en 2023 à -7,4 % du PIB en 2024 (-5,1 % du PIB en 2023 à -5,4 % en 2024 dons inclus), dans un contexte d’accroissement inquiétant de la dette publique. Ces prévisions sont en ligne avec celles du FMI mais restent volatiles de par l’imprévisibilité de la conjoncture régionale actuelle. Source Ambassade de France en Jordanie
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