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#Economie #Inflation #IRAN
Agence Ecofin
lundi 9 septembre 2024 Dernière mise à jour le Lundi 9 Septembre 2024 à 07:00

Depuis deux ans, une dépréciation soutenue du rial a accompagné la montée, puis la stabilisation à un niveau élevé de l’inflation.

Depuis septembre 2022, la valeur de la monnaie iranienne a chuté de 300 000 RII / 1 EUR à 700 000 RII / 1 EUR, sa parité avec le dollar épousant la même trajectoire. Parallèlement, au cours des 3 derniers exercices budgétaires, l’inflation officielle a enregistré de nouveaux records : +40,2% en 2021-2022 ; +45,8% en 2022-2023 ; +40,7% en 2023-2024. Or ces statistiques ne reflètent pas l’inflation perçue par les ménages iraniens, la hausse des prix des produits constituant la base de la leur consommation oscillante entre +80% et +100% sur la même période, avec des pointes à 200, voire 300% sur la viande et certains fruits et légumes. L’évolution de ces deux indicateurs – étroitement liés – résulte de facteurs internes et externes.

Le premier ressort interne de l’inflation demeure celui de la croissance de la masse monétaire – 36,5% par an en moyenne au cours des 4 dernières années – imputable au niveau élevé du déficit budgétaire réel (officiellement, le budget de la République islamique est en équilibre). Sur le plan externe, les sanctions internationales ont contribué à la dynamique inflationniste par le truchement des importations, que renchérissent les multiples intermédiations financières mises en place pour les contourner, mais aussi par la montée en puissance des produits de contrebande, dont la valeur avoisinerait 1/3 de celle des importations légales. Le phénomène de dépréciation monétaire résulte, mécaniquement, de l’inflation elle-même, mais également de la pénurie de devises qui affecte les importateurs iraniens et d’une politique de taux multiples inefficace et déconnectée des réalités économiques. Enfin, la constance de la dépréciation du rial depuis deux ans traduit le pessimisme croissant des acteurs économiques sur la capacité des autorités à identifier une trajectoire de croissance passant nécessairement par le retour, de plus en plus hypothétique, des investisseurs étrangers.

Rappelons à cet égard que l’évolution de la valeur du rial ne dépend pas exclusivement des acteurs iraniens, puisqu’elle est également échangée sur les places de Dubaï, Souleimanyie (Irak) et Hérat (Afghanistan). Tirant les leçons de l’incapacité de l’administration Raïsi à enrayer cette double évolution, le gouvernement Pezeshkian, dont la composition vient d’être approuvée par le Madjles, peut-il inverser la tendance ? Pour le gouvernement supposé « modéré », la voie est étroite et les incertitudes nombreuses. L’évolution des cours du brut et la pérennité des exportations vers la Chine (1,5 M b/j depuis le 1erjanvier) demeurent centrales dans la mesure où elles détermineront la marge de manœuvre budgétaire de la nouvelle équipe, sa capacité à réduire un déficit qui devrait, pour l’exercice en cours, tutoyer les 20% et, partant, à contenir la croissance de la masse monétaire. Afin d’y parvenir, le gouvernement Pezeshkhian devra, en particulier, réduire le montant d’innombrables subventions dont le rôle de stabilisateur social apparait, pourtant, déterminant.

Dans un pays où la part de population vivant au-dessous du seuil de pauvreté avoisine les 40%, le retour à une forme de rigueur budgétaire comporte un risque qui explique sans doute en partie l’élection, en juillet dernier, d’un président non issu des rangs conservateurs. Le retour à un taux change unique proche de celui du marché, évoqué par le nouveau Ministre des Affaires Économiques et des Finances, pourrait également contribuer à stabiliser la monnaie, de même qu’un contrôle accru sur les banques, dont une minorité respecte encore les règles prudentielles en vigueur. À cet effet, le gouvernement devra toutefois apurer sa dette – et celle du secteur parapublic – envers le système bancaire qui finance depuis plusieurs années le déficit budgétaire. Sur le plan externe, l’impact de la volonté du président Pezeshkhian de trouver, avec la communauté internationale, un accord permettant le retour des investisseurs étrangers, dépendra de l’évolution d’un contexte géopolitique que le collaborateur du Guide n’a aucun moyen d’infléchir. Source Ambasade de France en Iran

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