En Tunisie, le président sortant Kaïs Saïed est crédité de 89 % des voix lors d’une élection où ses deux rivaux n’ont recueilli que des scores marginaux. Avec un taux de participation en baisse, l’opposition accuse le pouvoir d’avoir verrouillé le processus électoral.
En Tunisie, la réélection du président sortant Kaïs Saïed semble acquise selon les premiers résultats d’un sondage à la sortie des urnes, diffusé dimanche soir par la télévision nationale Wataniya.
Selon ce sondage réalisé par l’institut Sigma Conseil, Kaïs Saïed aurait remporté plus de 89 % des voix lors de l’élection présidentielle. Ses deux seuls adversaires, l’industriel libéral Ayachi Zammel et l’ex-député Zouhair Maghzaoui, auraient respectivement recueilli 6,9 % et 3,9 % des suffrages. Les résultats préliminaires officiels devraient être annoncés lundi par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE).
Kaïs Saïed, 66 ans, ne faisait face qu’à ces deux opposants, après que plusieurs autres candidats potentiels, initialement 17, ont été exclus du processus pour des irrégularités présumées. Ayachi Zammel, âgé de 47 ans et peu connu du grand public, n’a pas pu mener de campagne, étant incarcéré depuis début septembre pour des accusations de falsification de parrainages, ayant abouti à trois condamnations totalisant plus de 14 ans de prison. Quant à Zouhair Maghzaoui, 59 ans, il est un ancien député issu de la gauche panarabe.
Le taux de participation, qui a atteint près de 28 %, a été qualifié de « respectable » par Farouk Bouasker, président de l’ISIE, bien que ce soit le taux de participation le plus faible pour une élection présidentielle depuis l’instauration de la démocratie en 2011.
Pour rappel, lors de l’élection présidentielle de 2019, environ 45 % des électeurs s’étaient mobilisés. Le faible taux de participation de cette élection reflète le désengagement croissant de la population face à un processus électoral jugé illégitime par certains.
Depuis 2021, Kaïs Saïed a été accusé par les ONG et l’opposition de dérive autoritaire. Son régime est marqué par le démantèlement des institutions démocratiques mises en place après la révolution de 2011. Plusieurs opposants politiques, syndicalistes, avocats et journalistes ont été arrêtés dans un contexte de répression croissante. Human Rights Watch estime que plus de 170 personnes sont actuellement emprisonnées pour des raisons politiques ou pour avoir exprimé des opinions critiques à l’égard du pouvoir.
Malgré ces critiques, Kaïs Saïed a promis à ses partisans une « nouvelle Tunisie » dans les cinq prochaines années. Selon lui, son premier mandat a été consacré à la lutte contre les « forces du complot » qu’il accuse d’infiltration et de blocage des institutions du pays, une rhétorique qu’il a maintenue tout au long de sa campagne.
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