Le développement du secteur textile en Jordanie remonte au traité de libre-échange signé en 1996 avec les Etats-Unis. La même année, en vue de promouvoir la paix pour la région, le Congrès a annoncé la création des Qualifying Industrial Zone (QIZ) en Jordanie, des zones franches industrielles dont la production est destinée à être exportée vers les États-Unis en étant exonérée de droits de douane.
Toutefois, pour pouvoir bénéficier de cette exemption, 11,7 % de la valeur estimée du produit doit provenir d’intrants jordaniens, 8 % d’Israël, et les 15,3 % restants d’une combinaison d’intrants en provenance des QIZ, d’Israël, des Etats-Unis, de la Cisjordanie et/ou de Gaza. Le textile est ainsi devenu le 1er poste d’exportations jordaniennes. En 2023, les exportations de textiles représentaient 17,2 % des exportations nationales totales pour un montant de 1,4 Md JOD (2 Mds USD), en hausse de +28,2 % par rapport à 2016, où elles avaient atteint 1,1 Md JOD (1,55 Md USD).
78 % des exportations étaient à destination des Etats-Unis. Le Canada (50 M JOD / 63 M USD) et le Royaume-Uni (38 M JOD / 48 M USD) étaient respectivement les deuxième et troisième pays de destination des exportations de textile. Le Royaume peine cependant à sortir d’un modèle qui contribue peu à son économie. En 2023, l’industrie du textile représentait 10 % de la production manufacturière. Pour autant, avec une valeur ajoutée de 1,2 Md USD, le secteur ne contribuait qu’à hauteur de 2,4 % au PIB.
Les coûts de production, notamment, sont particulièrement élevés. Les matières premières, qui représentent 60 % du coût total de production, sont importées et ne bénéficient pas d’exonérations de droits de douane et de taxes en Jordanie. Selon le Jordan Strategy Forum, la fiscalité qui pèse sur les matières premières diminuerait la contribution du secteur au PIB de 60 M USD (soit de -0,05 %), réduirait les opportunités d’emplois pour les jordaniens (de l’ordre de 4 000 emplois) et serait responsable d’une perte d’investissements de l’ordre de -15 %.
L’industrie repose en outre sur une main d’œuvre étrangère (70 % des employés du secteur) et majoritairement féminine (67,3 % des employés) dans un contexte où le taux chômage est élevé (21,9 % en moyenne en 2023) et où le taux de participation des femmes au marché du travail pointe à 14%. Pour dynamiser l’emploi local, le gouvernement a mis en place en 2017 des incitations (mise à disposition de terrains, exemption de loyers, subventions à l’emploi de personnels jordaniens et à la mobilité, contribution pour la sécurité sociale des employés) à la création « d’unités satellites » en dehors des QIZ, plus proches des villes.
La part des employés jordaniens dans le secteur est ainsi passée de 17 % en 2010 à 30 % en 2023. En 2022, le gouvernement jordanien a placé le secteur au rang d’industrie à haut potentiel dans sa Vision de Modernisation Économique, avec pour objectifs, d’ici 2033, de multiplier par 3 ou 4 les exportations et de créer 149 000 emplois pour des jordaniens. Il entend également développer la production de matières premières sur le territoire national et mettre en place des formations professionnelles pour renforcer les compétences de la main d’œuvre jordanienne. Source : Ambassade de France en Jordanie
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