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Denys Bédarride
mercredi 2 avril 2025 Dernière mise à jour le Mercredi 2 Avril 2025 à 15:58

Depuis plusieurs mois, Paris et Alger entretiennent des relations tendues, envenimées par plusieurs dossiers de coopération entre les deux pays. Le 22 mars dernier, le président Abdelmadjid Tebboune avait annoncé être disposé à maintenir la coopération avec son homologue français.

L’Algérie et la France ont décidé de renouer le dialogue après plusieurs mois de tensions diplomatiques, selon une déclaration conjointe publiée le lundi 31 mars 2025 par les deux gouvernements. Cette volonté d’apaisement fait suite à un échange téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron.

« Les deux chefs d’Etat ont eu un échange long, franc et cordial sur l’état des relations bilatérales et les tensions accumulées ces derniers mois. A cet égard, ils ont réaffirmé leur volonté de reprendre le dialogue constructif instauré à travers la Déclaration d’Alger d’août 2022, qui a permis des avancées notables sur la question mémorielle, notamment avec la création d’une commission mixte d’historiens français et algériens, la restitution des restes de résistants algériens et la reconnaissance des responsabilités dans l’assassinat des martyrs Ali Boumendjel et Larbi Ben M’hidi », précise la présidence algérienne. 

Elle ajoute : « les deux présidents ont convenu que la solidité des liens – notamment humains – entre l’Algérie et la France, leurs intérêts stratégiques et sécuritaires communs ainsi que les défis et crises affectant l’Europe, la Méditerranée et l’Afrique exigent un retour à un dialogue équilibré entre les deux pays. »

Dans cette dynamique, les deux chefs d’Etat ont acté la reprise immédiate de la coopération sécuritaire et souligné « la nécessité de rétablir sans délai une coopération efficace, fluide et fiable en matière migratoire ». Ils ont également confirmé les visites prochaines des ministres français de la Justice, Gérald Darmanin, et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, dans le cadre de ce rapprochement diplomatique.

Moins de deux semaines après que le président Tebboune a publiquement affirmé sa volonté de maintenir le dialogue avec son homologue français, cette déclaration conjointe semble sceller une nouvelle trêve dans des relations souvent marquées par des tensions. Toutefois, pour de nombreux observateurs, il ne s’agit que d’une paix fragile, tant les différends entre Paris et Alger demeurent profonds et susceptibles de raviver les crispations à tout moment.

Parmi ces contentieux, le dossier du Sahara occidental reste un point de friction majeur, la France ayant reconnu la souveraineté marocaine sur ce territoire, une position rejetée par l’Algérie. La question migratoire est un autre sujet sensible : Alger refuse d’accueillir certains de ses ressortissants expulsés par la France, tandis que Paris menace de réviser l’accord de 1968, qui encadre le statut des Algériens en France. L’arrestation récente d’influenceurs algériens en France et l’incarcération en Algérie de l’écrivain Boualem Sansal ont encore tendu les relations.

Enfin, la mémoire coloniale demeure un point de discorde central. En septembre 2021, Emmanuel Macron avait accusé le « système politico-militaire » algérien d’entretenir « une rente mémorielle », déclenchant une crise diplomatique qui avait conduit Alger à rappeler son ambassadeur à Paris. 

Plus récemment, le 23 mars dernier, le président de l’Assemblée nationale algérienne, Brahim Boughali, a annoncé la création d’une commission ad hoc chargée de préparer une loi criminalisant la colonisation française, un projet sur lequel les autorités françaises n’ont, à ce jour, pas pris position.

Depuis plusieurs années, les relations franco-algériennes oscillent entre tensions et apaisements sans jamais aboutir à un partenariat stable et durable, affranchi du poids du passé. Si une rencontre entre Macron et Tebboune a été approuvée en principe, les conclusions attendues avant l’été 2025 des travaux de la commission mixte d’historiens pourraient constituer un point de départ vers une normalisation pérenne des relations entre les deux pays.

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