En Égypte, où près de 90% de la population est musulmane, le mois sacré du Ramadan, qui a débuté le 1er mars, entraîne une hausse des dépenses alimentaires des ménages, lesquelles atteignent chaque année près de 2 milliards d’€ avec un pic à 2,42 milliards d'€ en 2021.
Les ménages égyptiens, qui consacrent jusqu’à 50% de leurs dépenses à l’achat de nourriture durant cette période, doivent faire face à une hausse des prix, dans un contexte d’inflation alimentaire déjà élevée (±50% en moyenne depuis 2022).
Par ailleurs, alors que plus de 40%de la consommation calorique nationale provient de produits importés, l’Égypte est particulièrement exposée à la volatilité des prix mondiaux et en particulier de ceux du blé, ce qui renforce les pressions inflationnistes.
Tandis que les produits de base fortement subventionnés (pain, sucre, huile) restent accessibles à travers le programme Tamween, qui bénéficie à environ 73% des ménages, la hausse des prix des denrées non subventionnées a contraint 85% des foyers à réduire leur consommation de viande et 75% celle de volaille et d’œufs depuis 2022, au profit d’alternatives moins coûteuses telles que les pommes de terre et les pâtes, dont la demande a respectivement progressé de 21% et 14% en 2022 (IFPRI).
Cette tendance est susceptible d’affecter la qualité nutritionnelle durant le Ramadan où les besoins énergétiques augmentent, conduisant certains ménages à constituer des stocks, en prévision de la hausse des prix. Pour amortir l’impact de l’inflation, le gouvernement déploie depuis plusieurs années des comptoirs Ahlan Ramadan offrant des produits de base à prix réduit.
Dans ce contexte, le Ramadan est une période marquée par un renforcement des initiatives solidaires.
Traditionnellement, des familles, entreprises et associations organisent des distributions de repas, en soutien aux ménages vulnérables, à laquelle contribue la Banque alimentaire égyptienne sous la forme de distribution de paniers alimentaires financés par des dons. Elle mène par ailleurs des campagnes de sensibilisation à la réduction du gaspillage.
L’État mobilise également des ressources supplémentaires pour renforcer son aide sociale durant cette période, à l’instar du fonds extrabudgétaire Tahia Misr, créé en 2014, qui aurait permis à plus d’un million de foyers de bénéficier de distributions alimentaires en 2018. A également été annoncé fin février un paquet de mesures sociales de 4 Md USD sous forme d’augmentation de salaires dans la fonction publique et de subventions accrues pour les populations les plus vulnérables.
Ainsi, les bénéficiaires des programmes de transferts sociaux Takaful (soutien aux familles sous condition de scolarisation des enfants) et Karama (destiné aux personnes âgées, handicapées et orphelins), soit environ 5 millions de foyers, ont reçu une somme forfaitaire de 300 EGP pendant le mois sacré, associée à des augmentations pérennes de 25% dès avril.
Environ 10 millions de familles à faible revenu et titulaires de cartes de rationnement devraient recevoir une aide financière allant de 125 à 250 EGP selon la taille du foyer ; mesure mise en œuvre en plusieurs étapes au début du Ramadan puis à l’occasion de l’Aïd. Par ailleurs, le ministère de la Solidarité sociale a renforcé son action en finançant des distributions alimentaires ciblées dans les gouvernorats les plus démunis.
Source Ambassade de France en Egypte
Réagissez à cet article