L’Egypte achète 180 000 tonnes de blé français redonnant un peu de répit aux exportateurs français boudés en Algérie sur fond de tensions diplomatiques

En Afrique du Nord, l’horizon s’éclaircit pour le blé français. D’après les sources commerciales citées par Reuters, l’acheteur public de céréales Mostakbal Misr a validé en avril dernier l’acquisition d’un volume total de 180 000 tonnes en provenance de l’Hexagone. Ce stock sera divisé en 3 cargaisons de 60 000 tonnes dont les prix sont compris entre 246 et 256 $ la tonne. 

Pour la nouvelle entité qui a remplacé l’acheteur public historique en décembre dernier, cet achat pourrait marquer un retour en grâce des négociants internationaux. Déroutés par le remplacement de la GASC (organisme chargé des approvisionnements depuis 1968), plusieurs fournisseurs s’étaient montrés hésitants face à cette nouvelle organisation opérant sous la supervision de l’armée de l’air, qui s’appuie désormais sur les importateurs locaux en lieu et place du processus habituel du lancement des appels d’offres.

Si le volume des achats reste relativement modeste, il s’agit d’un stock déjà supérieur aux 120 000 tonnes importées par la GASC entre juillet et décembre derniers.

D’après les analystes, cette situation pourrait redonner un peu de répit aux exportateurs tricolores boudés en Algérie sur fond de tensions diplomatiques et soumis à une rude concurrence de la part de la Russie au Maroc.

Sur la période allant de 2019/2020 à 2023/2024, les données de l’USDA indiquent que l’Hexagone a été le 4e exportateur vers le pays des pharaons derrière la Russie, la Roumanie et l’Ukraine avec 2,5 millions de tonnes expédiées vers cette destination.   

Selon des sources rapportées par Reuters, la baisse des prix français conjuguée à la hausse des prix en mer Noire crée une fenêtre favorable pour les exportateurs français durant cette saison dans le pays des pharaons.

Pour autant, certains analystes indiquent que les cartes ne sont pas pour autant rebattues sur le marché. Et pour cause, parallèlement à la France, d’autres fournisseurs de la région de la mer Noire comme la Bulgarie et la Roumanie gagnent du terrain en Egypte, avec des cargaisons déjà envoyées cette année et des discussions pour des livraisons supplémentaires.

Par ailleurs, en Égypte, c’est désormais le secteur privé qui tire la dynamique des achats sur le marché.  Selon l’USDA, ceux-ci ont compté pour 51,6 % des importations totales en 2023/2024 avec l’augmentation de la demande en matières premières de l’industrie de la minoterie qui réexporte la farine vers d’autres pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

Avec la montée en puissance de la Mostakbal Misr qui prendra encore du temps, les observateurs soulignent que le secteur privé pourrait encore augmenter ses parts de marchés avec une préférence marquée pour le blé russe.