Après une année 2024 marquée par un effondrement de ses revenus, le canal de Suez retrouve peu à peu son rôle stratégique dans le commerce maritime mondial. Selon des observateurs, ses recettes pourraient doubler d’ici les 5 prochaines années.
Le Centre des médias du Cabinet égyptien (CMC) a confirmé un redressement en cours des activités du canal de Suez, porté par des mesures incitatives ciblées et des signes de stabilisation de la situation en Mer Rouge.
Selon un rapport cité par l’entité, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une augmentation de 88,9% des revenus du canal sur une période de cinq ans, passant de 6,3 milliards USD attendus en 2025/2026 à 11,9 milliards USD en 2029/2030, avec des revenus intermédiaires estimés à 8,2 milliards en 2026/2027, 9,9 milliards en 2027/2028 et 11,5 milliards en 2028/2029.
Des pertes substantielles en 2024
En 2024 et sur une partie de l’année 2025, le conflit israélo-palestinien suivi d’attaques houthies pro-Palestine en Mer Rouge, a occasionné une chute du trafic à travers le canal. En mars dernier, le président Abdel-Fattah El-Sissi chiffrait les pertes mensuelles à 800 millions USD, alors que les revenus de l’infrastructure ont plongé de 60% sur l’ensemble de 2024, entraînant un manque à gagner de 7 milliards USD.
Au premier trimestre 2025, le président de la SCA Osama Rabie a parlé d’une baisse de 50% du nombre de navires transitant par le canal. De nombreuses compagnies avaient alors opté pour un détour par le Cap de Bonne-Espérance, malgré des implications coûteuses comme l’allongement des délais de fret, la hausse des coûts logistiques et une pression sur les prix à la consommation.
Une reprise progressive encouragée par les autorités
Une remontée de la pente semble désormais amorcée. Depuis mai, dans un contexte qualifié « d’apaisement relatif » certains grands armateurs ont repris le transit par la mer Rouge, selon une note de Lloyd’s List. Active dans cette relance, l’Autorité du canal de Suez accentue ses efforts diplomatiques et commerciaux pour rétablir la confiance.
La reprise est également appuyée par la poursuite des travaux d’extension visant à augmenter la capacité d’accueil de l’infrastructure et réduire les temps d’attente. Un levier stratégique pour une route qui reste, à long terme, la plus courte et la plus compétitive entre l’Asie et l’Europe.
Un équilibre encore fragile
Le contexte reste pourtant marqué par un fort potentiel volatile. Toute nouvelle flambée de tensions régionales pourrait freiner le retour à la normale, comme ce fût récemment le cas avec les échanges de tirs entre Israël et l’Iran, dont la conséquence a été une reprise des attaques maritimes par les rebelles Houthis.
Pour l’Égypte, l’enjeu est majeur : les recettes du canal de Suez représentent l’une de ses principales sources de devises étrangères, dans un contexte économique déjà mis à rude épreuve par la dépréciation de la livre et l’inflation. Une persistance de la situation pour ce couloir maritime pourrait aussi continuer à peser sur la chaîne d’approvisionnement mondiale, dans la mesure où il traite près de 12% des flux commerciaux mondiaux.
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