Le Premier ministre Nawaf Salam a formé le 8 février un gouvernement ouvrant de nouvelles perspectives pour le redressement économique du Liban. Ce nouvel exécutif devra profiter du momentum pour engager au plus vite une première série de réformes structurelles pour amorcer la reprise économique du pays, restaurer la crédibilité de l’administration libanaise et ouvrir la voie à une conférence de soutien au Liban. Quelles sont-elles ? Et dans quel délais ?
Ces réformes, dont la restructuration du secteur bancaire, sont connues de longue date et, pour certaines, déjà prêtes à être mises en œuvre bien qu’elles soient parfois sensibles politiquement. Afin de maximiser leur chance d’aboutir, ces réformes devront être conduites le plus en avance possible des élections législatives de mai 2026.
La reprise des discussions avec le FMI pourrait permettre d’aboutir à un programme avec financements.
Les autorités libanaises et le FMI avaient signé, le 7 avril 2022, un accord technique (« Staff Level Agreement » – SLA) détaillant 10 actions préalables conditionnant l’approbation par le Conseil d’administration du Fonds d’une facilité élargie de crédit de 3 Md USD sur 4 ans. Or, l’absence de mise en œuvre de ces actions par les autorités libanaises avait rendu l’accord caduc. La visite du chef de mission du FMI du 10 au 13 mars à Beyrouth a permis de réengager les discussions.
La crédibilité des autorités à signer un SLA passera par la capacité à initier rapidement des réformes bloquées de longue date, en priorité la restructuration du secteur bancaire.
Faute d’assainissement et de restructuration pour faire face aux pertes du système financier d’environ 75 Md USD, le secteur bancaire restera paralysé.
Ce chantier implique de prendre les mesures législatives suivantes :
1) adoption de la loi d’urgence sur la résolution bancaire pour doter le Liban des instruments juridiques nécessaires à la restructuration
2) amendement de la loi sur le secret bancaire visant à élargir les conditions de levée du secret bancaire qui devra s’accompagner de garanties d’indépendance de la justice et de lutte contre la criminalité financière
3) adoption de la loi de compensation des pertes et de restructuration du secteur financier posant les grands principes du traitement des dépôts en devises, de la restructuration des pertes de la banque centrale et des banques
4) modification du code de la Monnaie et du Crédit pour interdire à la Banque du Liban de financer l’Etat.
Le nouveau gouvernement devra également préparer un plan de restructuration de la dette publique (195% du PIB en 2023), dont la crédibilité dépendra en grande partie du schéma de restructuration bancaire retenu.
Pour le Liban, en situation de défaut de paiement depuis mars 2020, la restructuration de la dette souveraine, composée notamment d’Eurobonds représentant 31 Md USD, est un chantier majeur qui interviendra dans un second temps. La dette publique est détenue en partie par des banques libanaises et essentiellement par des investisseurs internationaux.
L’engagement des créanciers à restructurer la dette publique sera nécessaire pour garantir les assurances de financement requises pour un programme FMI. Dans ce cadre, il sera indispensable de limiter le recours aux financements publics pour restructurer le secteur bancaire, au regard des besoins requis pour restaurer la soutenabilité de la dette publique.
Source Ambassade de France à Beyrouth
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