Le Forum Europe-Afrique s'est tenu le 6 mai à Marseille avec le Royaume du Maroc comme invité d'honneur. Une occasion privilégiée de rencontrer Son Excellence Samira Sitaïl, Ambassadrice du Royaume du Maroc en France, qui livre au micro d’Ecomnews Med sa vision des relations franco-marocaines et du rôle du Maroc comme pont entre l'Europe et l'Afrique.
Une nouvelle dynamique franco-marocaine
La présence remarquée du Maroc à ce forum s’inscrit dans la continuité d’un réchauffement significatif des relations bilatérales. « Le succès important, retentissant même, de la visite d’État du président Emmanuel Macron au Maroc il y a quelques mois » a été un moment clé, rappelle l’Ambassadrice. Une visite qualifiée d’« historique » qui a débouché sur « 42 accords signés entre la partie française et la partie marocaine, représentant plus de 10 milliards d’euros ».
Ce partenariat repose sur « un modèle, une démarche gagnant-gagnant, d’égal à égal », insiste Samira Sitaïl, soulignant l’importance de cette nouvelle approche dans les relations internationales.

Le Maroc, locomotive africaine
Si le Royaume attire aujourd’hui « un intérêt très fort des investisseurs français, mais pas uniquement, européens, des investisseurs à l’international », c’est aussi grâce à son positionnement stratégique sur le continent africain.
« Le Maroc est une locomotive non négligeable en Afrique, d’autant qu’il porte un modèle de coopération sud-sud original qui est aujourd’hui adopté par des pays plus au nord », explique l’Ambassadrice.

Vers un nouveau narratif africain
Pour Samira Sitaïl, il est essentiel de repenser notre vision du continent : « L’Afrique ce n’est pas un pays, ce n’est pas quelque chose d’homogène, l’Afrique c’est 54 nations, l’Afrique c’est un millier de dialectes, ce sont des Afriques en réalité ».
Cette diversité impose une nouvelle approche : « Un nouveau narratif doit être construit autour de ce continent africain, de par les spécificités qui sont les siennes. […] C’est autant de sensibilités, autant de pays, c’est une diversité, une richesse absolument extraordinaire ».
L’Ambassadrice appelle à « une approche globale et locale » que l’Europe doit adopter pour « comprendre ce qu’attend d’elle l’Afrique, si tant est que l’Afrique attend encore quelque chose de l’Europe ».

Au-delà de l’aide, un partenariat
Le message est clair : « Nous ne sommes pas à la recherche d’aide, ce que nous souhaitons c’est offrir un certain nombre de partenariats, donner l’occasion à cette Europe, donner l’occasion à ces pays européens, de déconstruire un certain nombre de préjugés du Nord et de reconstruire à côté un nouveau narratif autour de ce continent ».
Pour l’Ambassadrice, l’urgence est manifeste : « L’Afrique ce n’est pas un continent en devenir, ce n’est pas l’avenir de la planète, c’est aujourd’hui et c’est maintenant que ça se passe en Afrique ».

La Coupe du Monde, opportunité de développement
Évoquant la prochaine Coupe du Monde de football que le Maroc co-organisera, l’Ambassadrice la considère comme bien plus qu’un événement sportif : « La coupe du monde ne va durer qu’un mois, c’est une opportunité pour le Maroc et pour le continent africain de développer ses infrastructures, de développer différemment une partie de son économie, notamment l’économie touristique ».
« C’est un moment qui doit être saisi pour montrer les savoir-faire qui sont les nôtres, pour nous développer différemment, capter des investissements et capter une manière différente, encore une fois une méthode différente pour aborder le continent », conclut-elle.
Le Forum Europe-Afrique de Marseille aura ainsi été l’occasion pour le Maroc de réaffirmer sa position d’acteur incontournable dans le dialogue entre les deux continents, porteur d’une vision renouvelée des partenariats internationaux.
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