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#Banque #Economie #IRAK
Denys Bédarride
mercredi 12 novembre 2025 Dernière mise à jour le Mercredi 12 Novembre 2025 à 12:49

Dans une économie marquée par le recours aux paiements en espèces et un important secteur privé informel, le système bancaire irakien demeure sous-dimensionné, faiblement modernisé et vulnérable en cas de choc.

Le secteur bancaire irakien est d’abord caractérisé par la prédominance de l’État, héritée de l’ère baasiste. 

Les sept banques publiques du pays détiennent à leur bilan plus de 80 % du total des actifs bancaires du pays, et se consacrent en priorité au financement des entreprises du secteur public ou parapublic. Les deux principales banques publiques du pays, Rafidain Bank et Rasheed Bank, ne publient pas de comptes consolidés et font état de défaillances importantes dans leur gouvernance et leur gestion. 

Parmi les banques publiques, la Trade Bank of Iraq (TBI), créée en 2004, se distingue cependant par sa spécialisation dans les activités de trade finance et son rôle prépondérant dans le financement du commerce international irakien.

Les banques privées irakiennes se répartissent quant à elles entre un groupe de petites banques familiales de faible envergure et des filiales de banques étrangères, essentiellement issues de la région comme la National Bank of Iraq (filiale de la Capital Bank of Jordan), la Bank of Baghdad (filiale de la banque koweitienne Burgan Bank) ou la Mansour Bank (filiale de la Qatar National Bank). 

Ces dernières sont réputées plus fiables et sont capables d’héberger les comptes d’entreprises étrangères présentes en Irak. Les banques privées irakiennes sont toutefois peu transparentes sur leurs activités et affichent des taux de prêts non performants élevés, de l’ordre de 14 % du total des prêts. Par ailleurs, l’Irak n’applique que de manière très parcellaire et incomplète les standards bâlois en matière de règlementation prudentielle et dispose d’un cadre de gestion des crises bancaires aux contours flous.

Dans ces conditions, les banques irakiennes contribuent peu au financement de l’économie du pays. 

Le volume de crédits représente 9 % du PIB irakien, un ratio plus faible que chez les pays voisins (1), tandis que seuls 19 % des adultes détiennent un compte courant. La prévalence d’une « cash economy », dans laquelle les espèces représentent 57 % de la base monétaire, ne favorise pas l’accroissement des bilans bancaires. Ni le secteur du microcrédit irakien, encore embryonnaire, ni les marchés de capitaux (moins de 5 % du PIB) ne permettent de compenser la faible bancarisation de l’économie irakienne.

Conscient de ces enjeux, le gouvernement irakien a fait de la réforme du secteur bancaire une priorité de son programme économique. 

Une revue approfondie a été lancée des banques Rafidain Bank et Rasheed Bank, qui pourrait aboutir à terme à une restructuration de leurs bilans, une réorganisation de leurs activités et un désengagement progressif de l’État.

Surtout, le gouvernement cherche à favoriser l’expansion du secteur bancaire privé.

La Banque Centrale d’Irak (BCI) s’est associée en 2025 au cabinet de conseil Oliver Wyman afin d’élaborer un plan pour la modernisation de ce secteur. À l’issue du processus en cours, les banques irakiennes devront soit se conformer dans leur ensemble à de nouvelles normes en matière de gouvernance et de gestion du risque, soit fusionner avec une autre banque, faute de quoi elles devront renoncer à leur agrément. 

Ce plan consacre par ailleurs une place importante à l’inclusion financière et à la modernisation des systèmes de paiement, ainsi qu’au développement des infrastructures bancaires (agences, distributeurs). Sa mise en œuvre doit être finalisée en 2026.

(1) Ce ratio s’élève par exemple à 48% pour la Turquie, 52% pour l’Arabie Saoudite, 64% pour les Émirats arabes unis, à 100% pour le Qatar.

Source Ambassade de France à Bagdad 

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