Le Parlement irakien a adopté le 3 juin les tableaux budgétaires pour 2024, entérinant une nette hausse des recettes et des dépenses de fonctionnement – avec un déficit presque inchangé - par rapport à la loi de Finances (LFI) 2023-2025.
Pour mémoire, la LFI 2023-2025 avait été approuvée par le Parlement le 12 juin 2023. Son caractère triennal permet d’assurer une certaine continuité de la dépense publique dans un pays habitué aux retards budgétaires (absence de loi de finances en 2020 et 2022). Si cette spécificité permet l’économie d’un vote du budget par le Parlement pour 2024 et 2025, il incombe encore à ce dernier l’approbation annuelle des tableaux budgétaires sur proposition du Cabinet du Premier ministre, qui peuvent être réajustés chaque année selon les prévisions de recettes.
Les tableaux budgétaires approuvés font état d’une hausse de près de 10% des recettes attendues en 2024, les portant à 113,7 Mds USD.
Les revenus pétroliers progressent de 2,8% pour atteindre 92,7 Mds USD, avec une anticipation du prix du baril exporté qui passe de 70 USD à 80 USD pour 2024 (le reste du surplus est mis en réserve). Les revenus non pétroliers sont en hausse de près de 58% à 21 Mds USD, portés principalement par une augmentation attendue des recouvrements des factures d’électricité.
Ainsi, la part des revenus pétroliers dans le budget de l’État diminue de 87,1% à 81,5% – en ligne avec l’objectif du gouvernement al-Soudani de diminuer cette part sous la barre des 80%. Si les projections de revenus pétroliers semblent réalistes, les revenus non-pétroliers apparaissent largement surévalués alors que l’Irak n’est qu’aux prémices d’un déploiement de compteurs intelligents à Bagdad (smart meter).
Les dépenses totales progressent de 6,5% à 163 Mds USD, uniquement portées par les dépenses de fonctionnement qui enregistrent une hausse de 9,4% à 121 Mds USD.
Les dépenses de fonctionnement représentent désormais 74% du budget (contre 72% en 2023) dont 90,5 Mds USD pour les salaires et prestations sociales (+8,6%) et 12,8 Mds USD pour la charge de la dette (+30%).
Si les dépenses d’investissement restent en nette augmentation par rapport à 2021 (+83%), elles diminuent de 1% dans le budget 2024 par rapport à la LFI 2023-2025 à 42,3 Mds USD – vraisemblablement en raison de l’annulation de certains projets portés par des bailleurs de fonds internationaux et/ou bilatéraux qui peinaient à se matérialiser.
Les dépenses d’investissement restent largement sous-dimensionnées par rapport aux besoins de reconstruction des infrastructures et de diversification de l’économie du pays.
Le déficit annuel prévu se maintient quasi inchangé à 49,3 Mds USD (-0,3%).
Près de 55% du déficit sera financé par des sources locales (banque centrale, banques publiques), près de 20% par les bailleurs internationaux et bilatéraux (dont l’accord « pétrole contre infrastructures » conclu avec la Chine), le reste étant couvert par le surplus des revenus pétroliers mis en réserve.
À noter toutefois qu’une exécution complète du budget est peu probable, celui-ci étant traditionnellement sous-exécuté. En 2023, l’Irak avait exécuté 71% de son budget – proportion honorable compte tenu de son adoption au mois de juin, mais majoritairement tirée par l’exécution du budget de fonctionnement (79%), qui contraste avec celle du budget d’investissement (48%).
Le FMI anticipe un déficit budgétaire à 7,6% du PIB en 2024.
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