Le 31 juillet, Mohammed VI a déploré le regain de tensions entre le voisin algérien et son pays. Il a renouvelé son « appel à rouvrir les frontières terrestres » avec l'Algérie et a exprimé son souhait de rencontrer le président Abdelmadjid Tebboune « à sa plus proche convenance ».
Si Rabat et Alger se disputent depuis des décennies, la tension est montée d’un cran, depuis deux semaines, des suites de nouvelles déclarations croisées sur l’autodétermination de la Kabylie et sur la question sahraouie. Dans ce contexte, la main tendue du roi marocain à son grand voisin suscite des réactions contrastées.
Alors que les médias marocains se félicitent à l’unisson de la volonté d’apaisement exprimée par le discours royal, les médias algériens expriment leur réserve, voire leur franche hostilité.
En Algérie, si les officiels n’ont pas encore réagi, le site algérien TSA, lui, titre sur « la fausse main tendue du roi Mohammed VI. » Il relève toutefois que « les mots choisis tranchent avec la rhétorique belliqueuse habituelle des responsables et des médias marocains à l’égard de l’Algérie (…) Le discours est en tout cas nettement plus conciliant que celui prononcé il y a une année par le roi à la même occasion », écrit-il, ajoutant que cette main tendue est peut-être la conséquence des « grandes difficultés du royaume sur la scène internationale après le scandale Pegasus.»
El Watan, premier quotidien algérien, répond par une charge à propos du Sahara occidental et titre : « Le Maroc et les compagnies étrangères continuent de piller les ressources des territoires occupés.»
Le site nationaliste Algérie patriotique, y est allé de son analyse. Pour ce média, le roi du Maroc « lâche le MAK [Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, Ndlr] et demande implicitement pardon à l’Algérie ». « Mohammed VI vient de rejeter la demande d’audience que lui a soumise le chef de file du MAK, Ferhat Mehenni », argue Algérie patriotique en y voyant un nouveau revirement de Rabat. « Ce lâchage du mouvement autonomiste, le roi du Maroc ne l’a pas prononcé ouvertement, mais il se lit en filigrane dans le discours qu’il vient de prononcer », conclut le site.
Sur les réseaux sociaux africains, les avis se partagent essentiellement entre ceux qui veulent y voir une lueur d’espoir et ceux qui déplorent le rapprochement du Maroc avec Israël, malheureusement illustré aujourd’hui par l’affaire Pegasus.
Toutefois, une large majorité d’internautes reconnaissent que les deux peuples sont très proches et que la querelle concerne essentiellement les classes dirigeantes des deux pays.
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