Algérie : le FMI revoit sa prévision de croissance à la hausse
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Denys Bédarride
mercredi 3 novembre 2021 Dernière mise à jour le Mercredi 3 Novembre 2021 à 16:56

Depuis le début de l’année, la région Moyen-Orient et Asie centrale a bien progressé et la reprise est en cours, malgré les nouvelles flambées de COVID. Cette reprise est néanmoins inégale et incomplète, et elle n’a pas encore tout à fait pris racine dans l’ensemble de la région. En outre, l’environnement général demeure incertain et de nouvelles difficultés se font jour. 

Des perspectives incertaines 

Selon nos projections, le PIB des pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAN) augmentera de 4,1 % en 2021 et en 2022, après s’être contracté de 3,2 % en 2020. La croissance réelle du PIB dans la région du Caucase et de l’Asie centrale (CAC) serait de 4,3 % cette année et de 4,1 % en 2022, après une contraction de 2,2 % en 2020. C’est un net progrès par rapport au brusque repli enregistré l’an dernier. 

Pourtant, la reprise se montre hétérogène, et la vaccination progresse très différemment d’un pays à l’autre, les pays à faible revenu et les pays fragiles ou en proie à un conflit n’avançant que lentement. Pour la suite, des préoccupations persistent quant aux séquelles économiques et aux perspectives divergentes de reprise : à moyen terme, le PIB réel devrait rester inférieur aux projections d’avant-crise d’environ 2½ % dans la région MOAN et 7 % dans la région CAC. 

Les pays qui ont amorcé plus rapidement leur redressement subiront des pertes de production moins importantes. En parallèle, la reprise de l’emploi reste faible et la hausse de l’inflation réduit les possibilités de recourir à la politique monétaire pour stimuler la croissance. 

En outre, les facteurs de risque se sont aggravés : nouvelles vagues de la pandémie alimentant l’incertitude ; retards dans la vaccination ; resserrement des conditions financières mondiales ; troubles sociaux et risques géopolitiques ; et chocs climatiques. 

De nouvelles difficultés se font jour 

Les inégalités se creusent car les jeunes, les femmes et les travailleurs migrants payent un plus lourd tribut à la crise, de même que les petites entreprises. Face à ces problèmes, notre nouvelle édition des Perspectives économiques régionales présente une analyse détaillée de deux questions essentielles pour la région : la situation des marchés du travail et les incidences de la pandémie sur le secteur des entreprises. Le taux de chômage régional s’est aggravé l’an dernier, en particulier dans les secteurs reposant sur le contact physique. 

Le taux de chômage moyen dans la région Moyen-Orient et Asie centrale a atteint 10,7 % en 2020, bien au-delà des taux observés lors d’autres crises récentes. Nous avons examiné l’ensemble des difficultés que connaît la région en matière d’emploi et nous recommandons des mesures visant à améliorer la situation, en particulier pour les femmes et les jeunes, en renforçant la croissance et en faisant en sorte que les marchés du travail réagissent davantage à la croissance. Nous avons également évalué les incidences de la crise sur le secteur des entreprises de la région, et conclu dans notre rapport qu’elles ne connaissent pas toutes la même reprise, alors que ce secteur a retrouvé les niveaux d’avant la pandémie. 

Plus particulièrement, les entreprises de plus petite taille et celles des secteurs reposant sur le contact physique sont à la traîne, alors que les entreprises disposant d’une connectivité numérique suffisante et celles dont les fondamentaux étaient solides avant la crise ont été en mesure d’amortir partiellement l’impact de la pandémie. 

Des arbitrages de politique publique pour bâtir une reprise porteuse de transformations 

La marge de manœuvre de l’action publique étant limitée, les pays auront à faire de difficiles arbitrages pour se remettre de la pandémie. La priorité absolue reste d’accélérer l’acquisition et la distribution de vaccins, en particulier dans les pays à faible revenu, ce qui nécessitera une coopération forte sur le plan mondial et régional. Entretemps, les mesures d’appui doivent favoriser les catégories vulnérables, et le temps venu, le retrait de ces mesures devra être progressif et assorti d’une communication soignée. Si l’inflation vient à persister, les banques centrales devront peutêtre relever les taux d’intérêt afin d’éviter une perte d’ancrage des anticipations inflationnistes. 

Il conviendra d’améliorer les cadres de l’action publique pour limiter les arbitrages et renforcer la crédibilité. Par exemple, tout rééquilibrage des finances publiques doit s’inscrire dans un plan budgétaire à moyen terme réaliste qui veille clairement à assurer la viabilité de la dette. 

La situation actuelle pourrait également donner le départ d’une transformation dans la région, qui pourrait envisager un avenir plus inclusif, résilient et plus vert. 

Il faut saluer le fait que plusieurs pays prévoient d’investir dans l’avenir en recentrant le rôle de l’État sur la santé éducation, en élargissant les dispositifs de protection sociale et en promouvant le numérique et les technologies adaptées aux changements climatiques. Le FMI continue de collaborer étroitement avec les pays de la région en leur apportant assistance technique et conseils, ainsi que des prêts à hauteur de 20 milliards de dollars depuis que la crise a commencé. 

Le FMI a également alloué des droits de tirage spéciaux pour un montant de 49,3 milliards de dollars à la région afin de compléter ses avoirs de réserve, une mesure qui aidera les pays à procéder à de difficiles arbitrages et à accélérer leur redressement. 

Source Le FMI 

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