La Banque Mondiale a publié fin juillet un rapport intitulé « Public Finance Review : Ponzi Finance ? », qui tire un bilan de la politique budgétaire menée au Liban depuis les années 1990. Analyse.
Pour la Banque mondiale, les finances publiques ont contribué à la construction d’une « pyramide de Ponzi » via deux phénomènes : l’accumulation excessive de dette publique pour préserver les flux de capitaux étrangers, dans un contexte d’ancrage de la livre au dollar alimentant une consommation excessive et l’instrumentalisation des services publics pour distribuer des rentes aux élites du pays.
A ce titre, la Banque Mondiale recense les fortes carences de l’État libanais en matière de services publics de base (santé, éducation, électricité, eau, transports, protection sociale), liées à un faible taux de recouvrement, à l’inefficacité de la dépense et au manque d’investissements.
La dégradation des services publics aurait été, selon la Banque mondiale, un choix délibéré visant à favoriser : l’accaparement des ressources par les élites économiques via l’attribution de contrats en dollars (importation de pétrole, générateurs, collecte des déchets, etc.); la substitution de l’État par des groupes confessionnels pour la fourniture de services publics.
Situation de la dette publique du Liban
D’après le Ministère des Finances libanais, la dette publique serait passée de 97,2 Md USD à la fin du mois de mars 2021 à 100,7 Md USD à la fin du mois de mars 2022, soit une hausse de +3,6%. La dette libellée en devises étrangères (39% du total) atteindrait 39,4 Md USD fin mars 2022 (+7,3% en g.a.), dont 9,75 Md USD en arriérés.
La dette libellée en monnaie locale (61% du total) atteindrait l’équivalent en dollar (au taux officiel de 1507 LBP/USD) de 61,3 Md USD (+1,2% en g.a.). Si la dette publique s’élève à 100,7 Md USD en convertissant la part libellée en livre libanaise au taux officiel, elle n’atteint que 43,2 Md USD en utilisant le taux du marché parallèle qui prévalait fin mars 2022 (23 800 LBP/USD).
La dette publique serait détenue à 39% par la Banque du Liban, 12,5% par les banques commerciales libanaises, 9,5% par les institutions financières libanaises, 37% par les autres investisseurs (dont étrangers), et 2% par les institutions multilatérales et les gouvernements étrangers.
Source : Ambassade de France au Liban
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