La guerre civile syrienne et la lutte contre Daesh ont transformé la Syrie en un terrain de conflit majeur au Proche-Orient. Bien que l'intensité de la conflictualité ait diminué depuis 2020 et que le régime syrien ait consolidé son contrôle sur la partie occidentale du pays, le contexte sécuritaire demeure instable et dégradé. Le bilan économique est désastreux et le pays s'est largement fermé aux échanges.
Le PIB syrien d’environ de 10 Mds USD, a subi une contraction de -3,5% en 2022, et devrait se contracter de -5,5% en 2023. À cette conjoncture défavorable s’ajoutent les pertes économiques causées par le séisme du 6 février, estimées à 5 Mds USD. En se basant sur la valeur réelle des bâtiments avant le séisme, le stock détruit est estimé à 1 Md USD, soit 10% du PIB syrien.
En 2022, un resserrement des politiques budgétaires a conduit le gouvernement à exclure 15% de la population de l’aide publique (principalement dû à l’augmentation des coûts des biens essentiels). La livre syrienne a subi une dépréciation d’environ 50 % par rapport au dollar entre mars et novembre 2022 (tombant à 5 400 SYP/USD en novembre). Celle-ci a entraîné une forte inflation depuis début 2022, en particulier pour les denrées alimentaires.
Le commerce extérieur du pays s’est effondré depuis le début du conflit, et le pays est aujourd’hui fortement dépendant des importations. Les exportations syriennes sont passées de 18,4 Mds USD en 2010 à 1,8 Md USD en 2021, tandis que les importations sont passées de 22,7 Mds USD en 2010 à 6,5 Mds USD en 2021. Les secteurs créateurs de valeur ajoutée ont été gravement touchés, en particulier les secteurs manufacturiers, miniers, pétroliers et agricoles, au profit d’une économie de guerre.
La production agricole, affectée par des sécheresses récurrentes et un déficit de main d’œuvre, a atteint un niveau historiquement bas pour la deuxième année consécutive. La production de pétrole brut s’est progressivement redressée depuis 2017, mais reste nettement inférieure à la production d’avant 2011.
Le récent séisme a illustré les vulnérabilité sociales et humanitaires de la Syrie. Alors que 6,6 millions de Syriens vivent dans des zones touchées par le séisme, plus de la moitié de la population syrienne d’avant conflit (environ 20,6 millions) est toujours déplacée, dont 6,8 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et 6,9 millions de réfugiés à l’étranger. Les niveaux élevés de vulnérabilité socialepréexistante limitent la capacité des ménages à faire face à l’impact du séisme.
Les services de base sont en déclin ; la part des ménages sans accès régulier à l’eau est passée de 42 à 48%, tandis que celle des ménages sans accès à l’électricité est passée de 34 à 43,5 %, entre 2021 et 2022. Plus de 50 % des infrastructures de santé ont été endommagées ou détruites, et le secteur de l’eau est très fragilisé.
Malgré des besoins croissants (environ 80% de la population syrienne dépend aujourd’hui de l’aide étrangère), il existe un risque de nouvelles réductions de l’aide humanitaire à la Syrie. Le PAM (Programme alimentaire mondial) a réduit la taille des rations alimentaires dans toutes les régions de Syrie en mai 2022. En outre, la majorité de l’aide humanitaire transite par le régime, prélève une partie des montants perçus, ce qui dissuade un certain nombre de donateurs.
Enfin, compte tenu de la dégradation des conditions économiques en Syrie, une reprise du commerce et des investissements n’est pas envisageable à court terme. L’investissement privé devrait rester faible en raison de l’instabilité de la situation sécuritaire et des incertitudes économiques et politiques persistantes.
Les investisseurs étrangers sont largement absents depuis le début de conflit, mais le président Syrien tente d’attirer des investissements golfiques dans le secteur immobilier, et de relancer l’activités des entreprises exportatrices, avec de récentes modifications de lois.
Source Ambassade du Liban, service économique
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